http://www.bastamag.net/A-Londres-l-epu ... non-riches
Dire qu'ici certains pensent que c'est "supportable".
Son ascension vertigineuse enchante autant les investisseurs immobiliers qu’elle suffoque les moins fortunés. Depuis la crise de 2009, l’immobilier londonien a vu sa valeur augmenter de 55%. Tandis que millionnaires et spéculateurs financiers sont accueillis à bras ouverts dans la capitale britannique, un nombre croissant de ses habitants sont progressivement évincés de leurs quartiers, toujours plus loin en périphérie ou en province. Les conservateurs ont beau invoquer les « forces irrésistibles » du marché pour se délester de leurs responsabilités, le « nettoyage social » de la capitale n’aurait pas lieu sans une once de volonté politique.
S'ils n'ont pas de pain, qu'ils achètent de la brioche.Lorsqu’en janvier dernier, le cabinet Savills livrait son rapport sur le parc immobilier londonien au Financial Times, ses lecteurs ont sûrement avalé leur thé de travers : sa valeur atteint près de 1 500 milliards de livres (2073 milliards d’euros). C’est un quart de tout le marché immobilier britannique, plus que l’immobilier du pays de Galles, de l’Écosse et de l’Irlande du Nord réunis. De fait, à la mort silencieuse du logement social se conjugue l’incontrôlable spirale du marché du logement privé.
L’année dernière, son prix moyen enregistrait une hausse de près de 20%. « Le problème ne touche pas seulement les habitants de logements sociaux, explique Anna Minton, journaliste et professeur d’architecture à la University of East London. Même les Londoniens qui ont des emplois bien rémunérés sont progressivement exclus par des logements hors de prix. Il y a un fossé croissant entre les propriétaires, qui laissent dormir leur capital immobilier, et les locataires qui luttent pour payer leurs loyers. » Alors que le royaume voue un culte à l’accès à la propriété, les locataires londoniens déboursent en moyenne la moitié de leurs revenus dans leur logement.
Pendant ce temps, la construction de HLM s’effondre : Londres n’y consacre que 5% de son budget réservé au logement. Eu égard à une telle inflation immobilière, investir dans la capitale est en effet bien plus rentable qu’un portefeuille d’actions à la City.
En janvier dernier, l’agence Knight Frank assurait, dans une publicité pour ses nouveaux appartements de luxe, que le retour sur investissement londonien est « meilleur que l’or et le FTSE100 [indice boursier des grandes entreprises britanniques, ndlr] » Ainsi, dans le quartier de Thameside, 80% des nouveaux logements sont détenus par des investisseurs étrangers. On estime que 22 000 de ces propriétés restent vides, comme les trois tours du Carpenters Estate, telles des actions en bourse attendant d’être revendues à prix d’or.