Marie 94 a écrit :Jeffrey a écrit :Ce n'est pas un changement structurel.
Il y a deux aspects à prendre en compte. D'abord, mettre son gamin à l'EPFL, c'est un budget de l'ordre de 30000€ par an entre les frais de scolarité, la vie en Suisse et le logement. Un changement "structurel" à ce tarif, cela ne concerne qu'une minorité. Ce n'est donc pas structurel.
Ensuite l'EPFL demande le même travail d'investissement pour réussir qu'une classe prépa habituelle, sauf que le gap se produit post L3. Autrement dit, les élèves sont admis d'une manière "moins sélective" que ceux des meilleures prépas françaises, mais l'écrémage se fait en passage en master. Une partie de la "stratégie" actuelle des gens ayant le porte monnaie qui va bien pour assurer cette solution est de penser que leur gamin risque de se prendre une claque dans le supérieur en prépa, sur un mode de sélection aux performances individuelles, et d'acheter un passage par une école de prestige, au moins pour les premières années de fac.
Ce type de stratégie correspond en face à une mercantilisation de l'enseignement supérieur de la part des écoles de formation. C'est une tactique aussi employée par pas mal d'écoles d'ingénieur (et de commerce) françaises. wasabi en avait parlé il y a quelque temps sur le forum, avec pertinence. On retrouve aussi un peu le même principe avec les Insa.
http://etudiant.lefigaro.fr/orientation ... nne-20455/
L'orientation vers les GE ne concerne par définition qu'une minorité dans un système élitiste. Or, cette minorité est aisée (surreprésentation des CSP+ dans les CPGE puis les GE). Donc, payer 20k ou 30k/an pour le péquin moyen est énorme mais pour la majorité des parents de ces milieux (hors enseignants), c'est dans leurs cordes.
Tout cela se quantifie un minimum et on s'aperçoit rapidement que ton discours ne rend pas compte des proportions.
Par exemple, le taux de boursiers en classes préparatoires scientifiques est actuellement de 23%, il est question de le faire passer à 30% :
http://www.enseignementsup-recherche.go ... les-e.html
Difficile d'imaginer que lorsqu'un quart des étudiants de cpge sont boursiers, une proportion "significative" des familles soit à l'autre extrémité en mesure de raquer 30000 € par an pour un gosse.
Marie 94 a écrit :
D'autant plus que les alternatives en France deviennent de plus en plus chères pour cette catégorie (Ginette en pension complète, HEC, Sciences Po...).
Aucune idée sur la question, je ne m'intéresse pas tellement à la formation commerciale. Je pense que Ginette est un ovni.
Marie 94 a écrit :
Il y a 20 ans, quelle était la proportion de français parmi les candidats à l'EPFL? Cette donnée serait intéressante pour la comparer à aujourd'hui: 1/3 des français parmi les candidats c'est quand même considérable quand on sait qu'on a un système de CPGE et d'écoles d'ingé publiques en France.
Tu n'as pas l'ordre de grandeur en tête, tu raisonnes sur une perception locale liée à ton environnement.
Par exemple, tu parles de tendance de plus en plus lourde. Il est écrit dans ton article que 1370 français postulent, et que le taux de sélection est de 35%, soit environ 480 étudiants.
Dans le même temps, 86000 étudiants sont inscrits en classe préparatoire en 2017.
http://www.enseignementsup-recherche.go ... -2018.html
en divisant par 2 (en moyenne 2 années de préparation), on peut tabler sur un effectif moyen de 40000 étudiants en première année de prépa (toutes prépa confondues). Donc tes 480 étudiants représentent à peu de chose près 1% de cette population. Cela veut essentiellement dire que ta perception au doigt mouillé par les retours de ton environnement personnel d'un comportement qui ne concerne qu'environ 1% des étudiants (2 peut être à la rigueur) ne peut en rien être significatif d'une perception globale de la tendance.
Dans le même temps (environ 30 ans), la population globale des étudiants ayant choisi une filière type prépa a été multipliée par deux en France.
Marie 94 a écrit :
On peut faire la même analyser pour Montréal (Polytechnique, HEC, UQAM...). Des français qui partent à l'étranger juste après le bac restent un phénomène nouveau à mes yeux. Je n'ai pas le souvenir d'avoir vécu ça il y a 20 ans par ex.
Ne pas confondre sa perception locale et la structure du milieu. Il y a trente ans, j'ai connu cela. De plus, partir étudier au Canada ne coûte pas un bras, mais deux.
Marie 94 a écrit :
L'autre phénomène étant le développement des écoles privées post-bac en France qui absorbent un flux de plus en plus important de bacheliers pourtant de bon niveau.
pareil, des chiffres seraient bien pour étayer le discours.
Ceci étant, le développement d'une offre d'enseignement privé à des fins commerciales dans le supérieur est incontestable. On vend des formations, des cursus, des diplômes.
Je dirais aussi que ton article résume très bien la situation que j'ai décrit :
Un type qui commence une prépa en France, se plante, papa maman ont les moyens de lui payer une année à l'EPFL (30K€), il redouble(30K€*2=60K€), il finit par être pris en bachelor génie mécanique, et il se rassure en précisant que le diplôme sera quand même reconnu en France
Après on enrobe avec des beaux discours "fuir la prépa", "super salaire moyen de sortie", "plus accessible aux étudiants français que Polytechnique ou l’Ecole normale supérieure"
La bonne blague. C'est certain que pour un type qui plante sa prépa en première année puis redouble sa première année en undergraduate (triple combo hein), c'est plus accessible que l'X ou normale Sup , ya pas de doute.
On sent la qualitay.
presque un gag ce publi-reportage.