Marie 94 a écrit :
Oh rassurez vous j'ai mon opinion sur la valeur de ces formations post bac. Mon intention sur ce fil est juste d'apporter des éléments factuels (vous disiez qu'on ne pouvait pas intégrer certaines écoles connues en post bac), de faire des constats sur les évolutions des parcours sup. Des formations qui n'existaient pas il y a qq années attirent un nombre croissant d'élèves et gagnent donc en parts de marché. N'en déplaise aux idéologues, c'est un fait, un changement structurel.
J’hésite toujours à répondre à Marie, parce que j’ai toujours l’impression que c’est du trollage. De la provocation. En même temps, c’est un sujet ouvert, il y a d’autres lecteurs. Et puis je me dis qu’au fond, Marie ne comprend pas réellement les enjeux qui se jouent. C’est une possibilité à la lumière des commentaires de Isis sur le lien donné par Marie. On voit un argumentaire qui se base sur le seul principe d’adéquation d’un produit (formation ) à un marché potentiel. Et finalement, la position de Marie est celle de cette Isis.
Quelque part, je trouve cela effrayant quand on parle de chercher une formation -que je qualifierais d’intellectuelle - pour ses enfants. Mais, de fait, pourquoi pas, si c’est ce que propose le marché.
Donc, en effet, il y a un changement dans le domaine de l’enseignement universitaire. Ce que Marie appelle des ´parts de marché’ est révélateur. L’enseignement supérieur devient un marché, les formations des produits à vendre.
Donc c’est intéressant de se demander pourquoi on suit une formation ou une autre, ce qu’on y apprend, a quoi cela peut servir.
La logique de ces produits d’appel, c’est de vendre une formation courte, avec une étiquette de prestige. Pas étonnant que ça prenne. Pas étonnant que les écoles qui deviennent des entreprises autonomes proposent ces produits d’appel. Ça fait rentrer de l’argent sans faire beaucoup d’effort en matière de contenu.
Marie 94 a écrit :
C'est marrant mais les arguments utilisés sont les mêmes que le prof de prépas à la retraite que je citais plus haut.
https://pgibertie.com/2016/02/21/bba-le ... aviez-pas/
Lisez les commentaires en bas de l'article. Échange intéressant entre ce prof et un parent.
Je les ai lus, et j’ai trouvé cela fort intéressant .
Quelques extraits :
….S’il peut échapper à ce système abrutissant, et aujourd’hui c’est possible, ce sera une bonne chose. Et vous ne me direz pas que je ne sais pas de quoi je parle….j’y suis passée… je sais. Ce gavage de soi disant « culture générale formaté » destiné juste à être recraché pour les concours et qui ne laisse comme trace qu’une bibliothèque trop bien fournie en ouvrages abscons tout justes bons à caler les chaises. Ce gavage aussi en HG. Les maths abordées non comme outil mais comme moyen de sélection pur et simple….. la liste est longue. 2 ans de souffrance entre 18 et 20 ans….certains ne s’en remettent jamais, mois je m’en suis remise mais je n’ai jamais pardonné à ce système moyenâgeux dont vous êtes le défenseur. Comme s’il n’y avait pas d’autres moyens de développer l’intelligence de nos jeunes que cet abrutissement stérile.
Cela me rappelle Mac Mahon, qui disait à propos de la scarlatine que « c’est une maladie très grave, on en meurt ou on en reste idiot, je le sais, je l’ai eue moi même étant jeune ». Donc voici une sympathique femme qui a souffert de sa prépa. On ne saura guère si elle a trouvé son école de commerce épanouissante, ni si elle se sert de ce qu’elle a appris. Mais ce n’est pas important à ses yeux. Donc, c’est bien un constat d’échec. Voilà quelqu’un qui n’a rien retenu d’utile ou d’agréable de deux ans de formation.
On leur propose de partir faire des semestres dans des universités étrangères, ils en ressortiront surement plus enrichis que par un semestre de prépa. Je suis d’ailleurs scandalisée de la façon dont vous voyez ces échanges. La mondialisation n’est pas passée par vous….Ces jeunes sont citoyens du monde…. je crois que vous n’avez pas bien compris que le franco-français …. c’est terminé.
On comprend bien qu’on va vers un monde meilleur. On sent toute la volonté de comprendre les mutations, de les approuver voire de les anticiper. C’est plus mieux, parce que c’est plus à l’étranger. Ça percute fort.
Je travaille aujourd’hui dans une grande entreprise…les critères de recrutement ne vous en déplaisent évoluent. On préfèrera un jeune avec un parcours construit, ouvert sur le monde à un ex préparationnaire qui a atterrit dans une école parce que c’était la plus « haute » qu’il a eu dans les concours qu’il a passé, qui a mis 3 ans à se remettre des 2 années précédentes…
Là également, l’argumentaire choc est que c’est ce que préfère le recruteur. Je pense que c’est très clair. On sent que finalement, la chose qui compte le plus, c’est de satisfaire les exigences d’un futur employeur.
Un point intéressant rejoint ensuite l’argumentaire de cette personne et celui repris par Marie.
Aujourd’hui un étudiant qui a fait le BBA de l’Essec suivi d’un des Msc de l’Essec sort avec une étiquette identique à celle de l’élève du parcours grande Ecole (le « diplôme grande ecole Essec » c’est un Msc en Management, allez sur le site de l’Ecole vous pouvez vérifier. Le cycle des élèves « grande école » est même divisé en une partie bachelor et une partie master….exactement le même vocabulaire). En France il va être de plus en plus difficile de faire la différence…et en plus on va s’en moquer de plus en plus. Quand à l’étranger…. on ne fait pas la différence…. mais j’oubliais que le reste du monde…. ça n’existe pas …
Marie 94 a écrit :
Les élèves qui se dirigent vers ces formations s'en foutent des arguments sur le coût (c'est papa maman qui paient), du grade universitaire décerné par un organisme franco-français et des critères RH d'embauche (ils visent un Master à l'étranger et une carrière à l'international). Vous croyez qu'à l'étranger, ils savent faire la différence de niveau entre Bba de l'ESSEC et son PGE ?
Les deux arguments disent sensiblement la même chose :
Les étudiants ne savent pas faire la différence
Les recruteurs n’ont pas les moyens de faire la différence, surtout s’ils sont à l’étranger. Donc en effet, les écoles ont bien raison de vendre de la daube à des clients qui en redemandent, pourvu qu’il y ait une bonne étiquette collée dessus.
En plus, si ça permet de recaser le produit fini à une boîte qui ne verra pas la différence, pourquoi s’en priver ?
Marie 94 a écrit :
Je pense aussi que la prépa est formatrice et offre plus de possibilités mais certains jeunes d'aujourd'hui (et leurs parents qui ont eu une expérience à l'étranger à travers un séjour d'études) ne sont pas prêt à faire 2 ans de sacrifices pour être déçu au final.
En fait, je pense que la prépa n’est pas toujours formatrice. J’ai même toujours pensé que c’etait Une formation trop exigeante pour être réellement universelle. D’ailleurs je ne comprends pas pourquoi tu opposes prépa et le reste. J’ai dans l’idée que la réelle opposition est celle d’une instruction gratuite ( lorsque l’infrastructure est payée par l’état), exigeante, qui demande un investissement lourd de la part d’un étudiant, et une formation payante où on achète un produit validé par son label, sans faire trop de sacrifices,et où l’essentiel de la formation consiste à envoyer les gosses à l’étranger pour que ce soient d’autres « formateurs » qui s’occupent du job.
C’est d’ailleurs pareil pour un thésard.
Si on vend un jour une formation de type doctorat où l’étudiant n’a pas besoin de trimer pendant trois ans pour valider sa thèse, où il suffit de proposer une cotutelle avec trifouilly les goose (en gb) parce que la mondialisation c’est incontournable, je ne vois pas le problème.
Je me dis juste que dans un système éducatif où les enseignants sont fonctionnaires, où ils ne sont pas intéressés par la mercantilisation de leur savoir, où les instituts de formation ont des exigences exprimées par l’aval (entreprise ou état) et non pas dictées par une logique de placement marketing, on a plus de garanties de qualité d’enseignement. Mais j’entends bien que mon point de vue est celui d’un père qui cherche à ce que la formation intellectuelle de ses enfants soit la plus riche possible. Je n’ai pas précisément le souci de refiler de la came à des gogos pour faire marcher un commerce.
Marie 94 a écrit :
Pour reprendre l'exemple sur le le gamin d'Ignatius, vous faites quoi si les résultats au lycée ne permettent d'accéder qu'à une prépa de 2nd rang ? qui débouchera sur une école d'ingénieur elle aussi de 2nd rang sans rapport avec l'aéronautique (c'est le cas de la majorité des élèves en prépas, le nombre de places aux meilleures écoles étant limité)? Il aura peut-être à côté l'opportunité d'intégrer l'ESTACA une école privée Post-bac qui connaît un certain succès auprès des lycéens.
C’est un exemple intéressant, il permet de faire la différence entre plusieurs points de vue. Si le gamin d’ignatius est un peu neuneu, disons pas très performant pour ne pas risquer la modération de dugenou, je comprendrais parfaitement que son père lui trouve une formation pour les plus besogneux (je ne connais pas bien l’école dont tu parles, mais c’est pas le fond de la question). Parce que c’est normal que papa se fasse du souci pour son rejeton. Mais à dire vrai, comme je voyage assez régulièrement en avion, j’aimerais autant que le gamin ne fabrique pas les moteurs d’avion par exemple. Ni la carlingue d’ailleurs. Je serais plus rassuré qu’il apprenne à se servir de power point pendant un bachelor qui l’envoie à Calcutta par exemple pour ensuite trouver un job dans une tour à La Défense - ah non, on a dit à l’étranger ensuite, par exemple à Bogota. Là je m’en foutrais complètement en effet.
Marie 94 a écrit :
Je connais 2 frères, l'un élève brillant Bac S Mention Bien à fait prépa à Saint-Louis, à khubé pour avoir au final une école de 2nd rang. Son frère, Bac S mention passable a fait l'ESILV (fac Pasqua pour les plus anciens d'entre nous). Les 2 occupent le même poste.
Imparable. Merci de ton retour d’expérience.