discotonio a écrit :En fait, je ne comprends pas pourquoi vous vous crêpez le chignon, car d'une certaine manière les deux camps ont raison. Dans le scénario à venir, tel que le vois, il y aura et déflation, et inflation.
En gros, on va avoir plusieurs réajustements de fond :

Tout d'abord, il faut bien comprendre que nos monnaies étaient fortes tant qu'on arrivait à produire de la nouvelle dette pour acheter à l'étranger les biens qu'ils produisaient. Mais avec l'arrêt de la production de dette (qui est la principale industrie de l'occident), les taux de change vont significativement bouger de sorte que les monnaies des pays occidentaux qui ne produisaient que de la dette et des services, vont chuter lourdement.
Les monnaies des pays produisant des choses tangibles et riches en ressources vont donc considérablement se renchérir. Et ceci va rendre tous les biens à l'importation plus chers. On aura alors une réelle inflation sur tout ce qu'on importe.
Tout ceci va faire que le niveau de vie va considérablement baisser car il était de toutes façons illusoire de croire qu'on pourrait continuer à s'acheter des appareils comme un four à micro ondes, pour une demi journée de travail assis à un bureau

Ou encore des T shirts pour 15mn de travail. Ceci va rendre en revanche nos pays beaucoup plus compétitifs et on devrait voir revenir de nombreuses entreprises qui se sont délocalisées et le taux de chômage baisser (à long terme seulement).

De l'autre côté, le cycle de crédit étant à bout de souffle en occident, toute dette supplémentaire produira plus de défauts de paiement qu'elle ne produira d'intérêts désormais. La déflation, au sens monétaire est quasiment assurée selon moi. La quantité de monnaie en circulation (le M3) va baisser. Idem pour la valeur des actifs et la richesse nationale libellée dans nos monnaies.
Et donc pour résumer les conséquences de tout ceci sur le poypoy lambda :

Les États occidentaux vont tout d'abord essayer de préserver le status quo quoi qu'il arrive en reprenant la dette privée à leur compte mais ils ne pourront tenir plus de 5 ans à ce rythme (10 ans s'ils sont particulièrement habiles, pervers et surtout chanceux) avant que cet ultime réservoir de "debt carrying capacity" ne soit rempli à ras bord également. Et ça ne fera qu'empirer encore plus la déflation finale qui finira par arriver.
Si jamais ils étaient tentés de faire tourner la planche à billets : la réévaluation des devises n'en sera qu'accélérée même si on évitera alors quand même la déflation. Mais nos fiat monnaies seront carbonisées dans l'hyperinflation dans ce cas là, via des ajustements extrêmement violents vis à vis des autres devises (à coups de 10% par jour par exemple). Et nos économies seraient littéralement détruites. Je ne pense pas qu'il choisissent cette voie là, bien pire encore que la déflation. C'est la révolution quasiment assurée. A moins que pour nos dirigeants, empêcher à tous prix les banques de faire faillite pour préserver le statut social des banksters prime sur tout le reste, ce qui n'est pas non plus impossible, au vu de la lecture de la presse et des événements. Mais si ce scénario presse à billets est envisageable aux USA, en Europe en revanche, avec l'Allemagne qui tient la politique monétaire, je n'y crois vraiment pas.

Le chômage va exploser dans un premier temps, le temps que les réajustements de devise s'opèrent et que des entreprises reviennent chez nous. On verra alors revenir en occident des entreprises produisant des balais chiottes pour la classe moyenne supérieure tant chinoise qu'européenne.

Les déficits commerciaux structurels de l'occident vont amplifier la déflation dans la mesure où de plus en plus de devises partiront à l'étranger pour payer nos importations. Incapable de produire de nouvelles dettes et donc de nouvelles devises, la monnaie va devenir encore plus rare chez nous. Et à moins que ces pays utilisent cette monnaie pour acheter tous les actifs de nos pays, la monnaie ne reviendra pas. Mais dans ce cas là, ils seront alors les propriétaires du peu de rente qu'il restera en occident et évinceront nos élites locales. Ou alors, ils achèteront avec ces devises, notre or et notre argent.

Les revenus des gens vont baisser.

Les prix de tout ce qui est importé vont augmenter du fait de la réévaluation des devises.

Les dettes étant fixes, les prix augmentant, les revenus baissant, le chômage explosant, les endettés d'hier vont clairement morfler. Les faillites vont se multiplier à tous les niveaux : banques, entreprises, particuliers...

Les prix de tous les actifs vont s'effondrer : profits des entreprises et loyers en chute libre. Les surplus monétaires qui pourront être mis dans les actifs se réduiront comme peau de chagrin au fur et à mesure que toutes les dépenses courantes de la vie quotidienne exploseront.

Le cash en terme d'actifs va prendre beaucoup de valeur, l'or et l'argent encore plus. En revanche, en terme de litres d'essence ou de T shirts made in China, le cash va se dévaluer. L'or et l'argent eux vaudront bien plus.

De plus, nos pays n'auront plus les moyens de payer du pain et des jeux à la plèbe pour la maintenir docile et là, ça devrait bouger beaucoup politiquement. Nous n'aurons plus les moyens de notre niveau de vie actuel. Ça c'est clair. Et il faudra renoncer à certaines choses.
[... sur l'or, HS ]
Et ça, c'est sans prendre en compte le Peak Oil qui amplifiera encore plus les mouvements indiqués sur les devises en faveur des pays encore riches en ressources.
Bref, il faut se rendre à l'évidence. Quoi qu'il arrive, l'hégémonie occidentale se termine ici. Le plébéien standard chez nous va devoir accepter de voir son niveau de vie de plus en plus ajusté vers celui d'un chinois. Ça me semble inéluctable. Et je dirais même que ce n'est que justice après tout. Le point positif à tout ça, c'est qu'on craindra de moins en moins d'être virés avec menace de délocalisation parce qu'on coûte trop cher

De plus, à terme, le chômage baissant, les travailleurs devraient regagner du rapport de force sur le capital.
Mais on est parti pour une dépression pur jus qui promet de faire sensation dans les livres d'histoire...