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Dans le Project Syndicate, Hans-Werner Sinn a écrit :La stratégie secrète de renflouage menée par la BCE
Hans-Werner Sinn est professeur d’économie et de finances publiques à l’université de Münich et président de l’Institut de recherche économique Ifo.
Pourquoi la Grèce, l’Irlande et le Portugal ont-ils dû avoir recours à une aide financière de l’UE et pourquoi l’Espagne risque-t-elle d’être le prochain pays sur la liste ?
Pour beaucoup, la réponse est évidente : les marchés internationaux ne veulent plus financer les GIPS (acronyme anglais pour Portugal, Irlande, Grèce et Espagne). Mais ce n’est qu’à moitié vrai. En fait, les marchés internationaux n’ont financé aucun de ces pays de manière importante ces trois dernières années. Ils ont été financés par la Banque centrale européenne (BCE). Le système de règlement bancaire TARGET, jusqu’à présent ignoré par les médias, montre que la BCE a été beaucoup plus impliquée dans les plans de sauvetage qu’on ne le pense généralement...
Le montant des « prêts de remplacement » de la BCE apparaît dans les transferts de la plateforme de dénouement espèces TARGET2, qui permettent d’évaluer le déficit ou l’excédent des transactions financières entre les pays. Comme ce système inclut les paiements internationaux effectués pour les échanges de biens et de produits financiers, un déficit du compte TARGET d’un pays signale un emprunt à l’étranger via la BCE, tandis qu’un excédent montre un prêt à l’étranger via la BCE.
Les recouvrements du compte TARGET de la banque centrale allemande (Bundesbank) sont par exemple passés de 5 milliards d’euro en 2006 à 323 milliards d’euro en mars 2011. La contrepartie de ces recouvrements sont les remboursements de la dette des GIPS qui s’élevaient à près de 340 milliards d’euro à la fin 2010. Il est intéressant de noter que les déficits cumulés des comptes courants des GIPS entre 2008 et 2010 étaient grosso modo du même montant – 365 milliards d’euro pour être précis.
A la fin de l’année dernière, la masse monétaire de la zone euro s’élevait à 1070 milliards d’euro, dont 380 milliards étaient absorbés par les prêts accordés aux GIPS. Continuer à financer les déficits des comptes courants de ces pays, à hauteur de 100 milliards d’euro environ par an, signifie que la totalité de la base monétaire de la zone euro serait consommée dans un délai de 6 à 7 ans.
Les GIPS devraient peut-être étudier le cas de l’Italie. Alors qu’elle devait rembourser des intérêts pénalisants et accusait également un déficit de la balance des comptes courants, Mario Draghi (président de la banque centrale italienne et favori à la présidence de la BCE, poste renouvelé cet automne) a exercé un contrôle strict sur les opérations de prêts de la banque centrale italienne tout au long de la crise. Bien que les autorités aient sûrement été tentées, l’Italie n’a pas accumulé de déficit de son compte TARGET. Elle a choisi la voie de l’abstention vertueuse.
Pas mauvais, ce Draghi...
«C'est quand un moustique se pose sur vos testicules qu'on réalise que la violence ne résout rien."
Socrate