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Diminution des demandes de crédits immobiliers, hausse des prix des logements… les conséquences sur les marchés du logement sont lourdes. Le temps des jours heureux est-il révolu ?
La réponse du professeur Michel Mouillart, dans cette chronique, est sans appel.
Dès le début du printemps 2017, la demande de crédits immobiliers des ménages a commencé à vaciller. Pendant plusieurs mois, entre mai et juillet 2017, les premiers signes d’affaiblissement de la demande ont fait écho à la remontée des prix des logements observée à partir de 2016
Il est vrai qu’après un 1er semestre 2017 « euphorique », le temps de l’atterrissage était difficile à envisager, pour beaucoup. Pourtant, dès septembre 2017 l’affaiblissement de la demande a fait place au repli : et depuis, la dégradation se poursuit.
D’ailleurs, l’Observatoire Crédit Logement/CSA confirme que le marché des crédits immobiliers s’est bien affaibli/retourné dès la fin de l’été 2017
En ce qui les concerne, les signatures de compromis[5] reculent depuis le début de l’année 2018, après avoir hésité dès la fin du printemps 2017, puis commencé à s’effriter à partir de septembre dernier.
Afin d’apprécier la hauteur de la marche que les ventes ont déjà descendue, en mars les compromis signés au 1er trimestre 2018 étaient inférieurs de 6.7 % à leur niveau du 1er trimestre 2017. Compte tenu du recul des financements constaté, la baisse des compromis signés devrait, d’ici l’été, s’établir un peu au-dessus de 10 %, en glissement annuel : et plus probablement entre 10 et 12.5 %
Bien sûr, compte tenu de l’inadaptation des indicateurs de la statistique publique à apprécier l’état de la conjoncture, il aura fallu attendre plusieurs mois pour que le constat soit enfin « partagé ».
Concernant la construction de maisons individuelles dont les ventes ont décroché dès novembre 2017, l’impact sur les autorisations se constate depuis le début de l’année sur les statistiques mensuelles et depuis le mois de mars[7] sur les statistiques trimestrielles.
Même si elles sont imparfaites, les statistiques de construction qui ont déjà intégré le recul des ventes de maisons individuelles témoignent de la dégradation de la conjoncture.
Concernant le marché de l’ancien, les estimations de l’activité que propose le CGEDD (du ministère de la transition écologique et solidaire) s’appuient sur les droits de mutation que centralise la Direction Générale des Finances Publiques. Ces estimations, improprement qualifiées de « statistiques des notaires », sont donc par construction, comme d’ailleurs les indices de prix INSEE-notaires, en retard de l’ordre de 6 mois sur le marché : c’est-à-dire sur la conjoncture du présent vécue par les professionnels lors de la signature des compromis. Alors que le marché a commencé à se replier au début de l’automne 2017, cette statistique publique commence juste à s’effriter, en conduisant ses utilisateurs à parler d’atterrissage en « douceur », pour qualifier un dévissage de l’activité qu’ils peinent à reconnaître. Pourtant, les estimations du CGEDD font déjà état d’un recul lorsqu’elles sont observées en niveau trimestriel glissant : par exemple, en glissement annuel, le 1er trimestre 2018 est en repli de 3.5 % (en 2017, à la même époque, la hausse était de 16.6 %) ; et comparé au 3ème trimestre 2017, il affiche une baisse de 8.6 % (contre + 8.9 % il y a un an à la même époque). Donc, tout le monde est d’accord : il suffit de bien vouloir regarder les statistiques
Pour l’avenir, il ne fait plus de doute que la conjoncture va continuer à se dégrader, sur tous les fronts.