La crise, dix ans après

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moinsdewatt
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Re: La crise, dix ans après

#51 Message par moinsdewatt » 14 sept. 2018, 14:15

Lehman, 10 ans après...

Par Dave Lafferty | 14/09/2018

Les leçons de la crise financière de 2008 ont-elles bien été retenues et le système financier mondial est-il moins fragile ? Le stratège de marchés en chef de Natixis Investment Managers, Dave Lafferty, nous livre ses réflexions à l'approche du dixième anniversaire de la retentissante faillite de la banque américaine Lehman Brothers, le 15 septembre 2008.


Alors que nous approchons du dixième anniversaire de l'événement marquant de la crise financière mondiale - la faillite de Lehman Brothers - les investisseurs peuvent se demander si nous avons appris quelque chose des erreurs passées. À travers les différents points de vue des décideurs, des investisseurs et des marchés, la réponse est résolument contrastée.

Il ne fait aucun doute que les décideurs du monde entier ont fait des progrès, en particulier autour de la « vulnérabilité » des banques. Alors que le risque de concentration parmi les grandes banques mondiales s'est en fait accru depuis la crise, dans l'ensemble, le risque d'endettement et le risque de négociation sont à la baisse tandis que les ratios de fonds propres sont à la hausse. Les faillites de grandes banques demeurent un risque, en particulier dans la périphérie européenne et sur les marchés émergents, mais la réduction progressive des risques des banques devrait rendre le
système moins vulnérable à la contagion lors de la prochaine crise de type Lehman.

Là où les décideurs ont moins progressé, c'est sur le front monétaire. En dehors de la Fed américaine, les autres grandes banques centrales restent aujourd'hui en mode « crise », incapables de relever leurs taux ou d'annuler leurs programmes massifs d'assouplissement quantitatif. Les bilans sont gonflés à hauteur de 15.000 milliards de dollars, dont près de 8.000 milliards de dollars en obligations souveraines à rendement négatif, ce qui réduit la puissance des grandes banques centrales pour faire face à la prochaine récession ou crise. En fin de compte, nous pouvons être heureux que les banques aient accru leur capacité d'absorber les pertes, car les banques centrales ont certainement moins de pouvoir pour les prévenir.

Une tolérance au risque à jamais altérée

Dans la foulée de l'effondrement du secteur des technologies et des télécommunications en 2000-2001, la chute des actifs à risque au cours de la crise financière mondiale a représenté le deuxième marché baissier en huit ans pour de nombreux investisseurs. En plus de repenser leurs attentes face aux actions, l'effondrement de Lehman a mis en lumière un nouveau risque : celui d'institutions d'importance systémique trop grandes, trop interconnectées ou trop complexes pour être sauvées. Les investisseurs Millenials atteignant qui atteindront l'âge de la majorité dans les années 2000 ne considéreront peut-être jamais les actions comme les baby-boomers l'ont fait lorsqu'ils ont grandi dans le marché haussier des années 1980 et 1990. Le refrain commun dans le sillage de Lehman était que les investisseurs se souciaient davantage du "remboursement de leur capital [la distribution de dividende, ndlr] que du rendement de leur capital."

Fin publicité dans 7 s

Dix ans de politique de taux d'intérêt zéro et négatif ont poussé les investisseurs, à contrecœur, vers les actions, mais il ne fait aucun doute que la tolérance au risque des investisseurs a été fondamentalement modifiée. Ils sont en effet plus frileux et donc plus enclins à s'éclipser lorsque la volatilité se redresse. "Acheter et conserver" est passé d'une maxime de confiance à une triste platitude que de nombreux investisseurs ne peuvent plus accepter.

Enfin, tout comme les investisseurs, les marchés ont changé. Parce que la faillite de Lehman a été à parts égales une crise de crédit et de liquidité, les investisseurs en sont venus à exiger à la fois une meilleure protection et plus de liquidité dans leurs investissements. Wall Street, les gestionnaires d'actifs et les banques mondiales se sont montrés plus que disposés à développer de nouveaux produits et de nouvelles stratégies promettant de réduire la volatilité, de gérer les risques de baisse ou de réduire la corrélation avec la chute des marchés. Les actifs de ces produits se chiffrent en milliards de dollars et comprennent toutes sortes de stratégies qui utilisent la volatilité pour réduire l'exposition ou la volatilité à court terme directement. Le thème commun de ces stratégies, à un degré ou à un autre, est de réduire le risque de chute des marchés, ce qui pourrait exacerber les ventes massives - comme on l'a vu lors de la crise de volatilité de février.

L'analyse historique d'une crise est souvent peu concluante et apporte peu de solutions. Sur ce point, nous pouvons toutefois conclure que les choses ont très peu changé depuis l'époque de Lehman. Bien que la situation des consommateurs ne se soit pas détériorée, les niveaux d'endettement des entreprises et des États souverains n'ont fait qu'augmenter depuis la crise, soutenus uniquement par des taux d'intérêt artificiellement bas. Les banques se sont faites une certaine religion en ce qui concerne la constitution de fonds propres, mais une grande partie de l'effet de levier s'est simplement déplacé vers les marchés obligataires. Pendant ce temps, les investisseurs de style "value" se sont raréfiés, remplacés par des "quants" et des "algos" qui vendront au premier signe inquiétant. L'effondrement de Lehman a entraîné de nombreux changements positifs, mais au bout du compte, le système financier mondial ne semble pas moins fragile aujourd'hui qu'il y a une décennie.

https://www.latribune.fr/opinions/tribu ... 90404.html

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Re: La crise, dix ans après

#52 Message par vpl » 14 sept. 2018, 15:26

Un article "intéressant" (légèrement énervant en fait) sur le bank run des initiés :
https://www.nouvelobs.com/economie/2018 ... -2008.html

"Je commençais à avoir du mal à respirer. Un 'bank run' se déroulait sous mes yeux, en plein quartier financier de New York. Et les gens qui paniquaient étaient ceux qui comprenaient le mieux ce qui était en train de se passer."

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Re: La crise, dix ans après

#53 Message par olmostoline » 14 sept. 2018, 15:33

vpl a écrit :
14 sept. 2018, 15:26
Un article "intéressant" (légèrement énervant en fait) sur le bank run des initiés :
https://www.nouvelobs.com/economie/2018 ... -2008.html

"Je commençais à avoir du mal à respirer. Un 'bank run' se déroulait sous mes yeux, en plein quartier financier de New York. Et les gens qui paniquaient étaient ceux qui comprenaient le mieux ce qui était en train de se passer."
Ils retirent les fonds qui dépassent la limite de l'assurance des dépôts. Il y a pire, comme bank run.
Ever tried. Ever fail. No matter. Try again. Fail again. Fail better.

Vainqueur du concours de pronos Bulle-Immo 2018 et 2022.

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Re: La crise, dix ans après

#54 Message par moinsdewatt » 15 sept. 2018, 07:32

VIDEO. "En un jour, 3 500 personnes se sont retrouvées à la rue..." Dix ans après, elles racontent la faillite de Lehman Brothers

Des employés qui sortent les bras chargés de cartons. Une atmosphère de fin du monde. Il y a dix ans, le 15 septembre 2008, des milliers de salariés de la banque d'affaires Lehman Brothers ont vécu un cauchemar : la banqueroute. "Cela vient vraiment du jour au lendemain", se souvient Charlotte Ravouna, une Française qui travaillait pour la société à Londres. Comme Natalia Rogoff, autre salariée londonienne, elle ne voulait pas croire à une faillite, malgré une situation alarmante. "On pensait qu'on allait nous racheter, ou que la banque allait se restructurer", se remémore Charlotte Ravouna. Mais ce lundi-là, vers 10 heures, le couperet tombe. Lehman Brothers ne sera ni racheté, ni sauvé.

On nous a réunis dans un coin de la salle pour nous annoncer que Lehman Brothers n’existait plus et qu’on devait partir.

.......
https://mobile.francetvinfo.fr/economie ... 940441.amp

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Re: La crise, dix ans après

#55 Message par moinsdewatt » 15 sept. 2018, 20:40

Si quelqu'un a un lien sur une vidéo de 10-15mn sur la chute de Lehmann Brothers, je suis très intéressé.

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Re: La crise, dix ans après

#56 Message par moinsdewatt » 15 sept. 2018, 22:27

(Wikipedia)
Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers se déclare en faillite après que Bank of America et la Barclays, qui étaient intéressées par son rachat, se furent retirées du dossier, faute de garanties données par les autorités fédérales. Bank of America rachète alors Merril Lynch 50 milliards de dollars. Cette dernière est en effet à court de liquidités après avoir perdu 57 milliards de dollars depuis l'été 2007. La faillite de Lehman Brothers « ébranle le système financier mondial »[12]. Cette faillite qui constituerait « la banqueroute la plus importante de toute l'histoire financière des États-Unis »[13] provoque un affolement des bourses mondiales où les actions du secteur bancaire plongent de plus de 7 % (à Londres la Barclays perd 8,20 % et à Paris la Société générale 7,63 %). Pour apaiser les tensions, la Banque centrale européenne annonce un appel d'offres rapide[14]. La Fed et le département du Trésor des États-Unis seront par la suite accusés[15] d'avoir aggravé la crise en ne sauvant pas Lehman Brothers dont la faillite a provoqué un début de crise systémique.

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Re: La crise, dix ans après

#57 Message par optimus maximus » 15 sept. 2018, 22:48

moinsdewatt a écrit :
14 sept. 2018, 14:15
Lehman, 10 ans après...

Par Dave Lafferty | 14/09/2018

Les leçons de la crise financière de 2008 ont-elles bien été retenues et le système financier mondial est-il moins fragile ? Le stratège de marchés en chef de Natixis Investment Managers, Dave Lafferty, nous livre ses réflexions à l'approche du dixième anniversaire de la retentissante faillite de la banque américaine Lehman Brothers, le 15 septembre 2008.


Alors que nous approchons du dixième anniversaire de l'événement marquant de la crise financière mondiale - la faillite de Lehman Brothers - les investisseurs peuvent se demander si nous avons appris quelque chose des erreurs passées. À travers les différents points de vue des décideurs, des investisseurs et des marchés, la réponse est résolument contrastée.

Il ne fait aucun doute que les décideurs du monde entier ont fait des progrès, en particulier autour de la « vulnérabilité » des banques. Alors que le risque de concentration parmi les grandes banques mondiales s'est en fait accru depuis la crise, dans l'ensemble, le risque d'endettement et le risque de négociation sont à la baisse tandis que les ratios de fonds propres sont à la hausse. Les faillites de grandes banques demeurent un risque, en particulier dans la périphérie européenne et sur les marchés émergents, mais la réduction progressive des risques des banques devrait rendre le
système moins vulnérable à la contagion lors de la prochaine crise de type Lehman.

Là où les décideurs ont moins progressé, c'est sur le front monétaire. En dehors de la Fed américaine, les autres grandes banques centrales restent aujourd'hui en mode « crise », incapables de relever leurs taux ou d'annuler leurs programmes massifs d'assouplissement quantitatif. Les bilans sont gonflés à hauteur de 15.000 milliards de dollars, dont près de 8.000 milliards de dollars en obligations souveraines à rendement négatif, ce qui réduit la puissance des grandes banques centrales pour faire face à la prochaine récession ou crise. En fin de compte, nous pouvons être heureux que les banques aient accru leur capacité d'absorber les pertes, car les banques centrales ont certainement moins de pouvoir pour les prévenir.

Une tolérance au risque à jamais altérée

Dans la foulée de l'effondrement du secteur des technologies et des télécommunications en 2000-2001, la chute des actifs à risque au cours de la crise financière mondiale a représenté le deuxième marché baissier en huit ans pour de nombreux investisseurs. En plus de repenser leurs attentes face aux actions, l'effondrement de Lehman a mis en lumière un nouveau risque : celui d'institutions d'importance systémique trop grandes, trop interconnectées ou trop complexes pour être sauvées. Les investisseurs Millenials atteignant qui atteindront l'âge de la majorité dans les années 2000 ne considéreront peut-être jamais les actions comme les baby-boomers l'ont fait lorsqu'ils ont grandi dans le marché haussier des années 1980 et 1990. Le refrain commun dans le sillage de Lehman était que les investisseurs se souciaient davantage du "remboursement de leur capital [la distribution de dividende, ndlr] que du rendement de leur capital."

Fin publicité dans 7 s

Dix ans de politique de taux d'intérêt zéro et négatif ont poussé les investisseurs, à contrecœur, vers les actions, mais il ne fait aucun doute que la tolérance au risque des investisseurs a été fondamentalement modifiée. Ils sont en effet plus frileux et donc plus enclins à s'éclipser lorsque la volatilité se redresse. "Acheter et conserver" est passé d'une maxime de confiance à une triste platitude que de nombreux investisseurs ne peuvent plus accepter.

Enfin, tout comme les investisseurs, les marchés ont changé. Parce que la faillite de Lehman a été à parts égales une crise de crédit et de liquidité, les investisseurs en sont venus à exiger à la fois une meilleure protection et plus de liquidité dans leurs investissements. Wall Street, les gestionnaires d'actifs et les banques mondiales se sont montrés plus que disposés à développer de nouveaux produits et de nouvelles stratégies promettant de réduire la volatilité, de gérer les risques de baisse ou de réduire la corrélation avec la chute des marchés. Les actifs de ces produits se chiffrent en milliards de dollars et comprennent toutes sortes de stratégies qui utilisent la volatilité pour réduire l'exposition ou la volatilité à court terme directement. Le thème commun de ces stratégies, à un degré ou à un autre, est de réduire le risque de chute des marchés, ce qui pourrait exacerber les ventes massives - comme on l'a vu lors de la crise de volatilité de février.

L'analyse historique d'une crise est souvent peu concluante et apporte peu de solutions. Sur ce point, nous pouvons toutefois conclure que les choses ont très peu changé depuis l'époque de Lehman. Bien que la situation des consommateurs ne se soit pas détériorée, les niveaux d'endettement des entreprises et des États souverains n'ont fait qu'augmenter depuis la crise, soutenus uniquement par des taux d'intérêt artificiellement bas. Les banques se sont faites une certaine religion en ce qui concerne la constitution de fonds propres, mais une grande partie de l'effet de levier s'est simplement déplacé vers les marchés obligataires. Pendant ce temps, les investisseurs de style "value" se sont raréfiés, remplacés par des "quants" et des "algos" qui vendront au premier signe inquiétant. L'effondrement de Lehman a entraîné de nombreux changements positifs, mais au bout du compte, le système financier mondial ne semble pas moins fragile aujourd'hui qu'il y a une décennie.

https://www.latribune.fr/opinions/tribu ... 90404.html
Oui c'est ça le problème : on a mis la poussière sous le tapis. Quand la prochaine crise viendra, les outils utilisés pour atténuer la crise seront obsolètes...

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Re: La crise, dix ans après

#58 Message par moinsdewatt » 16 sept. 2018, 08:55

Attac mène une série d’actions en France pour dénoncer la finance «toxique»

Le 15/09/18

Une manière bien à eux de fêter les 10 ans de la crise financière...

Dix ans déjà et rien n’a été fait, ou si peu. C’est en tout cas l’avis de l’ONG altermondialiste Attac. Dix ans après la chute de Lehman Brothers qui a entraîné le monde dans une violence crise financière, l’association a voulu marquer le coup à sa manière.

Image
......
https://m.20minutes.fr/amp/a/2337187

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Re: La crise, dix ans après

#59 Message par moinsdewatt » 17 sept. 2018, 21:00

La liquidation du courtage de Lehman pourrait être close en 2019

Publié le 17/09/2018 NEW YORK (Reuters)

La liquidation de la filiale de courtage de Lehman Brothers Holdings pourrait être achevée en 2019, onze ans après la banqueroute de sa maison mère qui précipita la crise financière mondiale en 2008.

James Giddens, curateur qui supervise cette liquidation, a déclaré lundi qu'il ne restait à régler que 381 des quelque 140.000 procédures intentées contre le courtier.

Les clients et créanciers garantis ont été complètement indemnisés. Les créanciers non garantis ont reçu environ 9 milliards de dollars, soit 39,75 cents par dollar, à peu près le double de ce qui était envisagé.

Dans un document transmis à la justice à New York, James Giddens déclare que la liquidation est dans sa phase finale et que la résolution de toutes les procédures et le dernier paiement "pourraient intervenir l'année prochaine" si le calendrier judiciaire le permet.

Le curateur ajoute que la structure de défaisance a encore 543 millions de dollars d'actifs.
https://www.usinenouvelle.com/article/l ... 19.N742684

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