Sinon, pour vivre très bien en appartement, tout est relatif, ça dépend de la taille, des voisins, etc.
Mais la capacité à prendre en compte la relativité des points de vue n'est pas quelque chose d'inné chez tout le monde.
Je vis parfaitement bien en appartement. Et le voisinage les habitants de pavillons aussi peuvent s'en plaindre dans certains quartiers
Dans des tas de pays / villes, la densité urbaine est la norme. Et l'idée n'est pas nécéssairement de densifier d'avantage Paris IM mais d'investir la ou la petite couronne est densifiable. Et d'intervenir dans les villes / villages pour forcer cette densité plutot que pour générer de l'étalement.
Le but des HLM et du logement ouvrier était justement celui-ci. Offrir un habitat bon marché à tous ceux qui étaient en bas de l'échelle sociale sans pour autant être miséreux. D'ailleurs les premiers HLM fesaient des envieux.
Ce qui fait échouer le programme HLM est la redirection des subventions à ces ensembles vers les maisons individuelles. Cela se produit dans les années 70 quand il n'y a pas encore de "problèmes" en banlieu. Mais cela va précipiter le départ des classes moyennes de ces zones. Et causer l'effondrement de ces quartiers qui passent de logements à bon marché destiné à des gens intégrés dans l'économie à des logements pour "cas sociaux".
Pour autant ils sont bien situés et je connais plusieurs personnes issues de quartiers difficiles de la proche banlieu parisienne qui s'en sont bien sorti justement car ils étaient à un ticket de métro des opportunités et qu'ils ont su les saisir. Les mêmes dans l'Yonne à la frontière de l'IDF auraient probablement eu beaucoup moins de succès.
Le problème des appartements dans les classes moyennes c'est plutot une notion de statut social. Quand j'étais gosses j'entendais dire dans la famille que de toute façon si tu gagnes pas assez de fric, "tu vivra dans un clapier en HLM" et de toute façon un appartement c'était "un clapier". Car bien sur dans un coin ou l'immo était peu cher, toute personne ayant modérément réussi avait droit à se payer une maison et un jardin. Plus ou moins luxueuse mais une maison. Donc si tu vivais en appartement c'était que tu avais "raté ta vie".
Or on sait qu'à un point de l'échelle sociale le besoin de "reconaissance" est important. En gros quand tes besoins de base sont satisfaits (et ils le sont pour 90% de la population franàaise), tu te pose la question de ton status social. Or, la dessus bon au niveau professionnel tu as une profession pas très prestigieuse donc tu ne peux rien faire. Coté culture, difficile de changer du tout au tout et de passer pour un érudit quand tu as arrété au BEP. Il ne reste rapidement que sur le train de vie que tu pêux faire des choses et te différencier. Ce différencier ca peut vouloir dire : "regardez je vaut mieux que ...".
Le niveau le plus bas de gamme de différenciation c'est la marque des fringues. Bizarrement bcp de gens assez pauvres achétent plus de fringues de marque que des gens plus friqués. Cela ne veut pas dire que le mec friqué ne va jamais acheter du luxe ou des fringues de marque mais il s'en fout il prendra le meilleur deal pour lui. Car il a d'autres moyens d'assoir son statut social.
Mais le principal niveau reste l'habitat pour les classes moyennes, et le coté, j'habites en pavillon est un "milestone". Milestone que de fait, tu ne peux retirer.
Leur déclassement ressenti est consécutif à une préalable et illusoire tentative de surclassement, en France périphérique, pour fuir les immigrés en voisinage.
Il y a malheureusement un peu de cela dans les grandes agglomérations ou beaucoup vivaient il y a plus ou moins longtemps en appartement et s'en sont éloignés pour un pavillon ce qui a été vu comme une accession à un "mieux".
En gros, le pavillon + un caddie bien plein au supermarché cela fesait "classe moyenne" qui a réussi. En gros le jour ou tu as cela, tu passes dans la catégorie "supérieure". Tu n'es plus comme les gens qui vivent dans des "clapiers".
Or, il y a tout de suite deux problèmes qui se pose :
- Le premier est qu'un pavillon ca coute la peau du luc en frais d'entretien. Et que c'est en général difficile à évaluer avant d'avoir été propriétaire. Au moins sur un appartement tu as les charges et déjà tu sous-évalue ce que cela coute mais le pavillon est un investissement énorme en argent et/ou en temps. Mais aussi en diesel. Beaucoup de proprio qui étaient limites se retrouvent étranglés après l'achat et ne peuvent plus partir en vacances et/ou s'offrir des fringues de luxe. En gros ils redescendent dans l'échelle sociale et c'est le truc le plus dur à vivre.
- Le second est que justement c'est un symbole sur lequel tu ne peut pas revenir sous peine de perdre la face. Donc en général les gens vont boire le calice jusqu'à la lie.
La en ce moment, on leur dit que leur choix était "idiot". Objectivement c'est vrai. Politiquement on a encouragé ce choix mais on aurait du au contraire le restreindre pour limiter ce type d'habitat pavillonaire à une minorité qui avait les moyens de ses ambitions. Et toutes ces subventions auraient été mieux investies dans du logement social et / ou du collectif en accession.
Le problème étant que le mec tu peux le raisonner tant que tu veux, il se dit qu'il va "perdre" son principal instrument de statut. Or cela c'est très difficile. Certains entrepreneurs par exemple te diront que le plus difficile quan dils ont fait faillite était cette perte de statut. Car au fond niveau finance ils ne se payaient plus et ils y ont presque gagné en salaire quand ils ont retrouvé un taf. Mais on est dans un truc humain, les gens sont prêt à perdre plus facilement du fric que du statut. Ce n'est pas spécifique de la classe moyenne j'ai vu des gens quitter des postes bien payés et globalement royaux pour prendre un truc moins bien payé avec des conditions de travail pourri mais sur la carte il y avait un titre gonflant dans le second cas alors que dans la boite d'origine les cartes de visite mentionnaient juste "Expert", "Expert pluridisciplinaire" (avec le nom des technos consacrées), "Logisticien", "Gestionnaire d'événement", "Commercial" et au dessus il y avait les C-level. La plupart des Expert Pluridisciplinaires gagnaient plus que bien des chefs de projets dans d'autres boites mais certains voyaient cela comme "un manque de considération".
Tant que l'on ne retourne pas cette hiérarchie sociale perçue il sera quasi impossible de faire migrer les gens. Ou plus exactement cela prendra des années avant que la nouvelle hiérarchie soit intégrée.