Vincent92 a écrit : ↑25 févr. 2019, 17:42
Si on fait fi des différentes contraintes des accords et traités signés (après tout, on peut en sortir), il y a plusieurs types d'entreprises :
- Les entreprises publics : On peut imposé à peu près ce qu'on veut
- Les entreprises privés immobiles/captives/non délocalisables (commerces de proximités, restaurations, centres commerciaux,...) : C'est une question de pertes et profits. Il y en aura toujours mais si c'est vraiment trop contraignant, il y en aura nettement moins et les prix seront plus élevés.
- Les entreprises privés délocalisables : C'est là aussi une question de pertes et profits. Mais à se montrer trop gourmand, elles partent/ne viennent pas.
Imposer des contraintes n'empêchent pas l'entrepreneuriat (je ne suis pas du tout dans une posture opposée) mais cela peut tout de même réduire le nombre d'entreprises et l'activité. Et surtout, notre économie dépend complètement de multinationales. C'est 40% d'emplois directs et plus de 50% du CA. Et encore plus si on compte l'activité indirecte induite (voir le schéma que j'ai posté un peu plus haut dans la file).
C'est une description de l'économie à angle fermé.
On peut également se dire que l'organisation de l'économie actuelle, avec les entreprises internationales, cette concurrence, cette mondialisation, est aussi ce qui conduit à un taux de chômage élevé, une paupérisation importante, une mutation des ambitions éducatives de la société, une course effrénée vers le consumérisme qui est en contradiction avec les notions d'écologie, d'équilibre entre exploitation et renouvellement des ressources.
Il y a forcément un moment où il faut considérer le mécanisme dans son ensemble, et se dire que l'organisation actuelle, et les sacrifices qu'elle impose, ont un caractère nocif pour le bien être collectif.
Certes, on peut toujours souligner qu'on a des multinationales qui sont des organisations économiques qui supportent X% d'emplois, mais ce n'est pas pour autant qu'elles constituent un mode incontournable d'organisation. Je ne parle pas d'instaurer un régime nord coréen, mais la présentation que tu en fais considère que parce que notre société est économiquement organisée sur un modèle qui se base sur une concurrence de plus en plus systématique, il n'est pas possible de concevoir les choses autrement et que nous dépendons de cette organisation actuelle.
Evidement, un autre point de vue ne peut pas venir du système entrepreneurial actuel , puisqu'il s'organise selon des règles actuelles de mondialisation et de concurrence non faussée. Mais par contre, ce sont les états qui sont en mesure de changer ces règles, si ils considèrent qu'il faut instaurer d'autres principes (au moins partiellement) qui contribuent à protéger les individus. Lorsque les états ne sont plus capables d'avoir cette force de décision politique, et sont pris en otage par le bon fonctionnement de l'économie actuelle, il y a un problème de gouvernance.
C'est le cœur même du mouvement des gilets jaunes il me semble. C'est à l'état de prendre une part de décisions qui ne rentre pas dans cette logique concurrentielle et mondialisée justement en extrayant un certain nombre d'activités de cette logique.
Vincent92 a écrit :
Encore une fois, je n'ai rien contre le protectionnisme. J'y suis même plutôt favorable s'il est intelligent. Ceci dit, les plupart des entreprises se fichent un peu de savoir que se soit pour l'écologie ou pour une autre cause. Elles vont juste voir le prix à payer pour calculer les pertes et profits, peu importe comment c'est emballé.
Oui, naturellement, et ces décisions ne peuvent venir des entreprises économiques, elles doivent émaner d'organes de gouvernance qui placent d'autres moteurs décisionnels hors du cadre de la contrainte économique concurrentielle.
Vincent92 a écrit :
Faire la guerre/imposer de fortes contraintes aux multinationales dans notre configuration ne me parait pas pertinent. Mais cela n'empêche en aucun cas de prendre des mesures protectionnistes.
J'y suis parfaitement favorable. Je ne vois pas d'opposition entre nos deux pensées.
Je ne parle pas obligatoirement de protectionnisme. L'organisation du territoire est un droit régalien par exemple. Construire des routes, organiser des équipements, administrer et exploiter leurs usages sont des questions qui ne rentrent pas obligatoirement dans une logique de concurrence libre. Par exemple, faire payer des taxes aux produits qui transitent sur un territoire , ces taxes permettent de construire des routes et de les entretenir. Que cela défavorise les transferts de marchandise entre l'Espagne et l'Allemagne qui passent par la France, et bien tant pis. Ce n'est pas le problème de la France, ni des usagers français des équipements routiers. Ce n'est même pas du protectionnisme, c'est un principe de gestion de l'équipement du territoire. Que cela nuise ou pas aux entreprises multinationales, et bien c'est comme cela, c'est une règle qui s'applique à tous. On peut toujours rétorquer que ce genre de mesure va désorganiser une organisation actuelle du commerce, mais à un moment, il faut quand même bien ouvrir les yeux et se demander si on est satisfaits ou pas de cette organisation actuelle.
Il y a assez généralement un principe de non localisation (des ressources, de l'industrie de transformation, des lieux de consommation) de l'ensemble des activités économiques. Ce principe, qu'on peut dénommer comme un principe de mondialisation a visiblement des conséquences délétères. Qu'il ait par ailleurs des contreparties positives, c'est possible, mais il devient indispensable de repenser toutes les externalités que cette organisation entraine, chose que ne font pas nos dirigeants - ou du moins que je n'arrive pas à percevoir dans leur discours ni leur action - et il faut amha réfléchir à réintroduire par le droit des règles coercitives du point de vue de la localisation des activités, et pas seulement essayer d'être la plus jolie bimbo qui attire les investisseurs étrangers (ou français) pour voir une boite chinoise racheter des fonderies ou une boite américaine livrer des colis de VPC à partir d'un entrepôt à Pétaouchnok.