Je vais te répondre une fois encore et adopter un point de vue philosophique pour exprimer ma conception des choses.
optimus maximus a écrit : ↑24 juil. 2019, 21:55
Le réchauffement climatique est une réflexion qui s'appuie sur l'échelle de temps humain et je ne vois pas ce qu'il y a de mal.
Objectivement, rien de mal en effet. Sauf si cette réflexion est un phénomène qui mélange à la fois une réalité tangible mais aussi une manipulation de l'opinion et des comportements humains. Par exemple, il y a eu il y a quelques années la peur de l'an 2000, d'autres craintes sont périodiquement portées par l'humanité. Il est intéressant de voir dans quelle mesure cette peur est fondée ou ne l'est pas.
De tout ce que je vois autour de moi, il n'y a qu'ignorance, craintes et superstitions. Ce qui est affligeant, c'est que je vois que notre société - qui à mon avis est de moins en moins tournée vers le fait scientifique - a réussi à convaincre nombre de personnes dotées d'une culture scientifique qu'elles pouvaient se prétendre détentrices d'une vérité universelle qui est la vérité. C'est une forme d'audience retrouvée qui séduit les scientifiques qui retrouvent une position où ils sont entendus.
Aurélien Barrau est une caricature de ce phénomène. Ce type a fait une thèse en astrophysique sur des théories totalement invérifiables, après un parcours scientifique universitaire tout ce qu'il y a de plus banal. Il a les cheveux et une allure qui en disent long sur son conformisme au non conformisme.
Et le voilà investi d'une mission de sauvetage de l'humanité sur un domaine où il n'a a priori aucune compétence particulière et où il se lance dans une croisade contre le RC avec comme coéquipière une actrice de cinéma... Et ne le voilà-t-il pas porte parole des scientifiques en général, pour lesquels il ose parler et il invoque des dizaines de milliers de scientifiques qui pensent comme lui.
Moi ça me fait un peu chier de voir que le monde scientifique n'a pas plus de recul que cela et oublie des principes de base en sciences. Le premier principe de base n'est pas de croire dur comme fer ce qu'ont écrit d'autres personnes même après validation par comité de lecture, mais d'être capable de reproduire et comprendre leurs calculs et leurs hypothèses. Faute de quoi, c'est une forme de religion.
Bien sûr, le RC est un phénomène complexe il est difficile de maitriser toutes les composantes induites. J'en suis moi même très loin, ça au moins je le sais. Mais il y a des composantes de base. Comme la mécanique des fluides et les équations aux dérivées partielles, les méthodes numériques de résolution d'équation, les connaissances de base en statistique, et quelques autres savoirs de base où il est nécessaire d'avoir un peu de maitrise pour reprendre à son compte des affirmations faites par d'autres.
Tout ce que je vois autour de moi, ce sont des ignorants, des incultes qui ont la révélation du réchauffement climatique et se sentent dotés d'un devoir de sauver l'humanité.
Cette Greta en est un symbole remarquable, car si une chose est sûre, c'est qu'elle ne maîtrise strictement rien sur le contenu technique de ces questions.
Nous avons donc des gourous apocalyptiques qui sont détenteurs d'une vérité qu'ils n'ont aucunement la prétention de sonder par eux mêmes.
Il en résulte par ailleurs une chasse aux sorcières contre ceux qui ne pensent pas pareil et ça c'est franchement inquiétant.
Quelques anecdotes à ce sujet. Dans une réunion de famille le mois dernier, je tombe sur un cousin éloigné dont la profession est de vendre des bagnoles après un vague Bac B si je me souviens bien. La discussion tombe sur le RC et je développe quelques remarques générales sur l'ampleur du RC qui n'est pas sensible au niveau de l'individu. Et voilà qu'il se révèle être un défenseur acharné de la thèse du RC qui va engloutir l'humanité, qui m'accuse d'être ignorant et ne pas savoir de quoi je parle et tout le toutim. Aucun complexe ni recul de savoir à qui il s'adresse.
J'ai aussi un beauf qui publie chaque semaine sur FB des appels à l'insoumission et à la lutte contre le réchauffement climatique, vidéos de Greta à l'appui. Mais pareillement, il est comptable après un bac ES.... pas expert comptable hein.
Un troisième ami, géologue de son état, convaincu du réchauffement climatique jusqu'au tréfonds de son âme, me demande d'aider sa gamine en classe de première parce qu'il n'arrive pas à la suivre en maths...
Des exemples comme cela, j'en ai à la pelle, des lycéens qui font grève et vont marcher contre le climat, alors qu'ils ne savent même pas ce qu'est une équation de thermodynamique et encore moins une Edp. Aucun doute ne les habite plus. Je pense que c'est de toute manière bien plus grave que toute variation climatique avérée que de voir des gens devenir aussi rapidement capables d'adhérer à des modes de pensée dont ils sont proprement incapables de saisir les fondements propres, juste parce que d'autres leur disent "je suis détenteur d'un savoir, et la vérité c'est cela".
optimus maximus a écrit :
Grosso modo, on veut savoir quel sera le climat sur Terre entre 2020 et 2050. La majorité de la population française actuelle sera vivante en 2050, idem pour la population mondiale. Et pas mal des personnes nées au cours de la décennie actuelle connaîtront 2100. Il faut avoir à l'esprit qu'une civilisation peut être profondément bouleversée par un changement de régime climatique, même s'il est transitoire, dès lors que cette période de transition s'étale sur quelques décennies.
La base de la rigueur serait d'abord de définir ce qu'est un changement de régime climatique. Quelle amplitude de changement ? Quel ordre de grandeur, quel degré d'adaptation est requis. Tant que tu ne le fais pas, tu es dans la rhétorique, la fabrique de l'épouvante, l’irrationalité.
optimus maximus a écrit :
On a une étendue de relevés météorologiques supérieure à 100 ans pour un certain nombre de stations météorologiques, souvent situées dans les endroits les plus peuplés de la planète. Avec en outre des données plus éparses sur le climat sur les siècles précédents. Donc si on constate que les températures augmentent depuis plus d'un siècle et que la tendance s'est accélérée au cours des dernières décennies, il est normal de s'en inquiéter, car l'humanité est potentiellement menacée.
Arrêtons nous un instant sur "on constate que les températures augmentent". Qui constate et que constate-t-on exactement ? Les "scientifiques " , parlons en comme si c'était une espèce à part, constatent que les températures augmentent depuis seulement une dizaine d'années voire deux dizaines. Je ne parle pas de la durée pendant laquelle il y a eu augmentation, mais du temps depuis qu'ils s'en rendent compte. Pour arriver à ces déclarations - je ne parle pas de vérités - il a fallu pondre des modèles de calcul et d'agrégation de données d'une extraordinaire complexité, faire des extrapolations de précision de valeurs de relevés d'il y cinquante ou cent ans. Pourquoi il a fallu ce délai pour s'en rendre compte ? Parce que c'est tout sauf évident ! Parce que les amplitudes constatées sont des moyennes dont les variations sont infimes par rapport aux aléas météorologiques.
bien entendu, les relevés métérologiques alimentent ces données climatiques, mais elles ne sont pas du même ordre de grandeur.
Or voilà-t-y pas que monsieur et madame Michu vit en direct le RC parce qu'il y a une canicule et parce qu'il a fallu arroser son jardin à Roubaix en juin. Le doigt pointé sur le thermomètre, le degré en plus du record par rapport à 1959, nous avons le ressenti incontestable d'un truc qu'il y a vingt ans aucun spécialiste ou presque n'avait les moyens de convaincre quiconque. Je sais ce qu'on va me répondre, il y a vingt ans, il y avait un spécialiste qui savait parce qu'il s'en était rendu compte un an plus tôt il y a 21 ans...
Et donc, les faits sont incontournables et leur interprétation ne porte à aucun doute, le réchauffement s'accélère et on le constate. Autant prolonger la courbe du doigt, et dans vingt ans, la température moyenne sera de 451°Fahrenheit...
Tout y passe, les diminutions des nappes phréatiques, c'est le RC, et pas les méthodes agricoles. Les melons dont le prix est divisé par deux, parce qu'il y a eu quatre jours de canicule et que ça fout le modèle économique en l'air. Le brevet des collèges qui est reporté. Quoi encore à venir ? La société s'est trouvée un coupable, maintenant, il ne reste qu'à faire rentrer les récalcitrants dans la bonne pensée conforme.
optimus maximus a écrit :
Et comme elle est menacée, elle va essayer de trouver les raisons du réchauffement et les solutions pour y remédier. Or, invoquer l'activité anthropologique parmi les causes du réchauffement permet à l'humanité de se donner une posture réflexive et par ce biais se mettre au coeur de l'action. Ce que l'homme fait est plus facilement réversible de son point de vue que ce qui est causé par des facteurs exogènes. Peut-être qu'elle a tort de se désigner comme cause principale du réchauffement, mais on ne peut lui donner tort. C'est de l'ordre du pari pascalien.
Ah bon, c'est un pari pascalien ? Et si on demandait à Greta ce qu'est le pari pascalien, tu crois qu'elle a une idée de la réponse ?
Non ce n'est pas un pari pascalien. Il n'est question que de RC anthropique, donc du fait de l'homme. Je te rappelle que le pari pascalien parle de l'existence de Dieu, et pas d'autre chose.
optimus maximus a écrit :
La fréquence des phénomènes extrêmes est un sujet bien plus fondamental que la simple analyse de la température moyenne et bien plus instructif qu'une simple mesure de l'écart-type. Par exemple, l'humanité ne peut s'accommoder à une région où la température maximale serait supérieure à 50 degrés plusieurs semaines par an. La vie sédentaire et urbaine y serait impossible.
'
Tu t'aventures sur un terrain meuble d'après ce que je sais de tes compétences. Pourrais tu me dire le rapport qu'il y a entre une hausse moyenne des températures, donc une translation du moment de premier ordre d'une variable aléatoire, et la variation de la fréquence des phénomènes extrêmes ? Déjà tu me diras ce qu'est un phénomène extrême. Il y a certainement des endroits de par le monde où ces deux aspects sont liés, mais ce n'est pas une certitude, pas parce qu'on ne saurait pas le prouver en mathématiques, mais parce que la modélisation de ces phénomènes physiques est fortement dépendante d'un tas de paramètres de modélisation qui sont des données locales. Enfin bref, je n'ai pas envie de détailler cela avec toi ici, cela ne servirait à rien.
Mais tu peux déjà t'interroger sur ton propre ressenti pour constater combien il est influençable et peu fiable. Saurais-tu dire à une ou deux unités près combien tu as vécu d'épisodes de canicule dans ta vie ? Et saurais tu me dire si la fréquence de ceux ci s'est accélérée durant les dix dernières années de ta vie comparativement à celles entre tes dix et 20 ans ? Même exercice pour les épisodes de neige et de froid....
optimus maximus a écrit :
Sachant ces conditions climatiques, l'autre interrogation porte sur notre capacité à préserver nos sociétés malgré la surpopulation, l'extinction de nombreuses espèces, les rendements décroissants des terres arables, l'accès plus compliqué aux ressources naturelles etc. Il est vrai qu'avec 100 millions d'habitants sur Terre et l'état de nos connaissances actuelles, une augmentation de 10 degrés de la température moyenne serait relativement gérable. Mais il était peu probable que l'espèce humaine réussît à autolimiter son expansion alors que les découvertes scientifiques et techniques lui permettaient au contraire de se multiplier avec un confort de vie a minima conservé.
À l'échelle de temps géologique, on a en effet connu des périodes bien plus chaudes, avec une concentration de CO2 bien plus élevée dans l'atmosphère. Du temps du jurassique. Le mammifère se faisait petit.
Voilà, on retrouve ton incapacité à gérer les données numériques. Ce n'est pas ton domaine et ce n'est pas une accusation, juste un constat, et j'ai pris la peine de développer un argumentaire sur un mode philosophique, pas scientifique tu en conviendras. Je suis tout à fait d'accord pour dire que les enjeux que tu viens de citer sont totalement majeurs. Exploitation des ressources, appauvrissement des sols, surnatalité. Mais le cadre dans lequel tu les places avec une augmentation de 10°, c'est de la science fiction pure et simple. Il n'est pas du tout nécessaire de noircir le tableau avec un cadre aussi absurde et irréaliste, parce que le jour où les gens comprennent que ça n'arrivera pas, ils jettent toute la théorie en bloc.
Voilà diverses raisons évoquées pour expliquer mon "acharnement" à intervenir sur ce fil. Mais c'est un des derniers endroits où il est possible de développer un argumentaire raisonné et construit, même si certains ahuris ne comprennent pas ma position. Ce qui est certain, et qui me navre totalement, c'est qu'il est déjà impossible d'exprimer ces points de vue que j'estime raisonnables et raisonnés dans la vie réelle, sous peine d'ostracisme et de conséquences de rejet par les servants de la doxa ambiante. A méditer je pense.