Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#751 Message par Ben92 » 29 janv. 2020, 22:57

ProfGrincheux a écrit :
29 janv. 2020, 17:53
@Jeffrey: c'est possible que je me trompe. J'entends dire partout que les informaticiens se font jeter comme des kleenex à 50 piges.
Non, c'est plutôt dès 45, voire 43/44, qu'ils se font jeter s'ils n'ont pas tissé les bonnes relations et dégoté une planque au titre ronflant style DSI ou responsable stratégie informatique ou autre connerie.
En 10 ans dans l'informatique j'en ai vu passé des charrettes de quadras…

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#752 Message par ProfGrincheux » 29 janv. 2020, 23:00

Doublon.
Modifié en dernier par ProfGrincheux le 29 janv. 2020, 23:01, modifié 1 fois.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#753 Message par ProfGrincheux » 29 janv. 2020, 23:01

Jeffrey a écrit :
29 janv. 2020, 20:56
ProfGrincheux a écrit :
29 janv. 2020, 17:53
Donc tu es optimiste sur la mise en place d'une solution de secours qui s'appuie sur d'hypothétiques informaticiens lessivés qui devraient faire classe à des mômes en reconversion à smic + 30% entre l'âge de 50 ans et 65 ans.
Tu es un sacré boute en train. :wink:
L'EN a de beaux jours devant elle :? 8)
L' idée de base est de les reclasser à l'échelon 8 c'est à dire à environ 2 smics. Les informaticiens de la fp du moins ceux que je connais sont payés à ce tarif. Ca doit être le tarif de base.

Ou alors on me raconte des sornettes en disant que pour les informaticiens dans le privé c'est fini à 50 ans?

Ils vont ou quand ils se sont fait jeter?
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#754 Message par Parsifal » 29 janv. 2020, 23:12

Ce n'est pas systématiquement fini à 50 pour un informaticien (Y. Le Cun en est un exemple parmi bien d'autres), mais il est clair que dans ce domaine les technos d'il y a 20 ans sont assez largement dépassées hors niches (des banques ont du code Cobol optimisé qui marche mais que plus personne ne comprend globalement à cause d'une structure qui serait considérée aujourd'hui comme défaillante).

Pour la revalorisation des jeunes Mdc/CR, sans avoir rien lu, je suis à peu près certain que cela correspond à un coup de pouce très mineur et à une suppression d'échelons auxquels plus personne ne rentrait. En effet les règles de reprise d'ancienneté de la thèse faisaient qu'il était déjà quasi impossible de rentrer au premier échelon.

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#755 Message par ProfGrincheux » 29 janv. 2020, 23:24

Parsifal a écrit :
29 janv. 2020, 23:12
Ce n'est pas systématiquement fini à 50 pour un informaticien (Y. Le Cun en est un exemple parmi bien d'autres), mais il est clair que dans ce domaine les technos d'il y a 20 ans sont assez largement dépassées hors niches (des banques ont du code Cobol optimisé qui marche mais que plus personne ne comprend globalement à cause d'une structure qui serait considérée aujourd'hui comme défaillante).

Pour la revalorisation des jeunes Mdc/CR, sans avoir rien lu, je suis à peu près certain que cela correspond à un coup de pouce très mineur et à une suppression d'échelons auxquels plus personne ne rentrait. En effet les règles de reprise d'ancienneté de la thèse faisaient qu'il était déjà quasi impossible de rentrer au premier échelon.
Oui. C'est tout à fait probable. Attendons la description précise de la mesure.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#756 Message par Jeffrey » 29 janv. 2020, 23:37

Parsifal a écrit :
29 janv. 2020, 23:12
Ce n'est pas systématiquement fini à 50 pour un informaticien (Y. Le Cun en est un exemple parmi bien d'autres), mais il est clair que dans ce domaine les technos d'il y a 20 ans sont assez largement dépassées hors niches (des banques ont du code Cobol optimisé qui marche mais que plus personne ne comprend globalement à cause d'une structure qui serait considérée aujourd'hui comme défaillante).

Pour la revalorisation des jeunes Mdc/CR, sans avoir rien lu, je suis à peu près certain que cela correspond à un coup de pouce très mineur et à une suppression d'échelons auxquels plus personne ne rentrait. En effet les règles de reprise d'ancienneté de la thèse faisaient qu'il était déjà quasi impossible de rentrer au premier échelon.
Salut Parsifal,
Je pense qu'on dérive un peu. C'est peut être l'idée de profgrincheux, mais tu parles de la mesure annoncée par Vidal concernant la revalorisation des mcf.

La grille de Mcf est calquée sur celle d'agrégé, donc on ne parle pas la même chose, et pour celle de certifié et pour suivre l'idée de prof, l'échelon 8, c'est déjà 17 ans de carrière.

Aucune chance quasiment de faire rentrer un informaticien à l'échelon 8, je crois que la revalorisation c'est une fonction affine avec un talon et une pente de 1/2 si je ne me trompe.

entrer à l'échelon 8 de l'extérieur, c'est ambitieux. Mais je me trompe peut être.
Ceci étant, embaucher un certifié à l'échelon 8, ça ferait dans les 2100€ nets par mois de base.
Maintenant, il y a une autre question sur la qualification.
Vous avez jeté un œil sur le programme du capes d'info ?
le progm est ici :
https://media.devenirenseignant.gouv.fr ... 161587.pdf
J'ai crû à une blague quand j'ai lu.
En résumé, il faut connaitre le prog de la classe de seconde, première, terminale
et démerdez vous avec ça...
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#757 Message par Parsifal » 29 janv. 2020, 23:53

Confusion de ma part n'ayant pas suivi les posts (je suis en mode deadline à cause d'ICML). Je pensais que le sujet était la revalorisation annoncée des CR/MCF à l'entrée dans leur métier. Pour les certifiés en info je n'ai pas du tout regardé le sujet.

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#758 Message par WolfgangK » 30 janv. 2020, 00:06

Jeffrey a écrit :
29 janv. 2020, 23:37
Vous avez jeté un œil sur le programme du capes d'info ?
le progm est ici :
https://media.devenirenseignant.gouv.fr ... 161587.pdf
J'ai crû à une blague quand j'ai lu.
En résumé, il faut connaitre le prog de la classe de seconde, première, terminale
et démerdez vous avec ça...
Bonsoir,
C'est peut-être parce que je suis fatigué,mais je ne vois pas trop la blague. Je maîtrise presque le programme ☺
(sauf PHP, Node.js et Filius)
J'aurais bien passé le Capes d'ailleurs, mais la paie ne fait pas rêver. Peut-être que si je pouvais avoir un mi-temps pour faire un seul semestre à l'EN et gagner plus l'autre semestre…

@ProfGrincheux : Je ne sais pas si les cinquantenaire se font jeter, je vous tiendrai au courant ☺. Mais je pense aussi qu'on devient plus sélectif en vieillissant
L'islamophobie n'est pas plus du racisme que l'antisionisme n'est de l'antisémitisme.
Que les racistes soient islamophobes n'implique pas que les islamophobes soient racistes.

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#759 Message par Jeffrey » 30 janv. 2020, 00:23

WolfgangK a écrit :
30 janv. 2020, 00:06
Jeffrey a écrit :
29 janv. 2020, 23:37
Vous avez jeté un œil sur le programme du capes d'info ?
le progm est ici :
https://media.devenirenseignant.gouv.fr ... 161587.pdf
J'ai crû à une blague quand j'ai lu.
En résumé, il faut connaitre le prog de la classe de seconde, première, terminale
et démerdez vous avec ça...
Bonsoir,
C'est peut-être parce que je suis fatigué,mais je ne vois pas trop la blague. Je maîtrise presque le programme ☺
(sauf PHP, Node.js et Filius)
J'aurais bien passé le Capes d'ailleurs, mais la paie ne fait pas rêver. Peut-être que si je pouvais avoir un mi-temps pour faire un seul semestre à l'EN et gagner plus l'autre semestre…

@ProfGrincheux : Je ne sais pas si les cinquantenaire se font jeter, je vous tiendrai au courant ☺. Mais je pense aussi qu'on devient plus sélectif en vieillissant
en fait, tu maitrises le programme, c'est celui des classes de secondaire. Le deuxième volet désigne l'épreuve de mise en situation professionnelle. C'est à dire que tu dois savoir présenter un cours de vingt minutes sur un des sujets de la liste , mais niveau secondaire.
Par exemple, tu tombes sur tri , tu dois faire un plan de cours avec tri par insertion et par sélection. Point barre. Tu dis au jury comment tu écrirais un plan de cours, avec des déf, des exemples, des exercices. C'est tout.
pour la liste des outils, il ne t'est pas demandé de tout maitriser, tu peux utiliser ceux que tu veux.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#760 Message par WolfgangK » 30 janv. 2020, 00:45

Jeffrey a écrit :
30 janv. 2020, 00:23
WolfgangK a écrit :
30 janv. 2020, 00:06
Jeffrey a écrit :
29 janv. 2020, 23:37
Vous avez jeté un œil sur le programme du capes d'info ?
le progm est ici :
https://media.devenirenseignant.gouv.fr ... 161587.pdf
J'ai crû à une blague quand j'ai lu.
En résumé, il faut connaitre le prog de la classe de seconde, première, terminale
et démerdez vous avec ça...
Bonsoir,
C'est peut-être parce que je suis fatigué,mais je ne vois pas trop la blague. Je maîtrise presque le programme ☺
(sauf PHP, Node.js et Filius)
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@ProfGrincheux : Je ne sais pas si les cinquantenaire se font jeter, je vous tiendrai au courant ☺. Mais je pense aussi qu'on devient plus sélectif en vieillissant
en fait, tu maitrises le programme, c'est celui des classes de secondaire. Le deuxième volet désigne l'épreuve de mise en situation professionnelle. C'est à dire que tu dois savoir présenter un cours de vingt minutes sur un des sujets de la liste , mais niveau secondaire.
Par exemple, tu tombes sur tri , tu dois faire un plan de cours avec tri par insertion et par sélection. Point barre.
Ça commence mal ☺ mes tris préférés sont :
- tri radix (meilleure complexité quand c'est possible)
- tri fusion (pas de soucis en pire cas)
- Tim sort (sympa quand les données sont déjà un peu triées)
- Le symmetry partition sort https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/spe.851 (pour faire le malin)

En fait, le vrai problème de ce genre d'exercice abstrait à mon avis, c'est que ça n'a pas de sens de concevoir un cours pour un public abstrait. Ce que je peux faire comprendre dépend des gens que j'ai en face de moi.
C'est selon les appétances & capacités cognitives que je peux déplacer le curseur entre la compétence pratique pure (quand et comment trier) et la compréhension abstraite (à quoi sert une relation d'ordre, une partition,…)
L'islamophobie n'est pas plus du racisme que l'antisionisme n'est de l'antisémitisme.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#761 Message par Jeffrey » 30 janv. 2020, 00:56

l'épreuve consiste à placer le discours en conformité avec le programme de la classe indiquée. c'est pour cela que j'ai indiqué tri par insertion et tri par sélection.
j'avais trouvé il y a pas mal de temps un tri stochastique en complexité linéaire, impossible de remettre la main dessus. Si tu as ça en réf...
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#762 Message par WolfgangK » 30 janv. 2020, 00:57

JE tombe sur
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Pierre Mathiot appelle l’enseignement supérieur à faire « sa révolution copernicienne » en se préparant à « accueillir des élèves à qui il manquera certaines compétences ». « Les formations post bac ont vocation à permettre des formes de remédiation »
Je pense qu'il y a un bon créneau pour de l'enseignement supérieur privé sélectif.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#763 Message par neron » 30 janv. 2020, 01:20

WolfgangK a écrit :
30 janv. 2020, 00:57
Jepense qu'il y a un bon créneau pour de l'enseignement supérieur privé sélectif.
oui avec la fin du bac, tu ne peut compter sur le Hazard pour rentrer dans la bonne filière.

A les Eurocrates, ils revent tous du systeme américain pour créer leur Élites Européennes. Oui je sais je suis europhobe car small ils beatifull et il ne peut plus avoir de démocratie dans un pays de 250 m. d'habitant mais une media-chie fait d'aparatchick nihilistes acultures
Modifié en dernier par neron le 30 janv. 2020, 01:27, modifié 1 fois.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#764 Message par Sifar » 30 janv. 2020, 01:25

WolfgangK a écrit :
30 janv. 2020, 00:45
Ce que je peux faire comprendre dépend des gens que j'ai en face de moi.
Une phrase à graver au fer rouge au début de chaque programme scolaire.
Pierre Mathiot appelle l’enseignement supérieur à faire « sa révolution copernicienne » en se préparant à « accueillir des élèves à qui il manquera certaines compétences ».
Certaines compétences... du genre, comment additionner deux fractions, ou savoir que 5x2x3, ça fait 30 et pas 150.
Je pense qu'il y a un bon créneau pour de l'enseignement supérieur privé sélectif.
Pas nécessairement. Tant que de 'faux' diplômes permettront d'intégrer la techno-structure, il n'y a a rien à gagner à réellement former les gens.
Je réfléchissais ces dernières années à qui était mon patron/client, en tant qu'enseignant du public. Le discours actuel consiste à dire que nous sommes au service des élèves. Mais alors, il nous faudrait mettre les meilleurs notes possibles, bidonner les dossiers. En fait, je préfère penser que mon employeur, c'est la Nation et pas les élèves et leurs parents: la Nation qui me demande de former et de sélectionner ceux qui peuvent lui apporter quelque chose.
Mettre 12/20 à un élève qui vaut 4/20 par rapport à d'autres de la même classe, c'est être au service de cet élève mais c'est trahir la Nation.
Ce que dit Pimono est exact.

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#765 Message par neron » 30 janv. 2020, 01:35

Sifar a écrit :
30 janv. 2020, 01:25
Je réfléchissais ces dernières années à qui était mon patron/client, en tant qu'enseignant du public. Le discours actuel consiste à dire que nous sommes au service des élèves. Mais alors, il nous faudrait mettre les meilleurs notes possibles, bidonner les dossiers.
On te demande de faire pas de prendre une pseudo position ėtique idéologique. Dans certains régime tu irais directement en redressement pour activisme réactionnaire et contre républicain.

J'entends que tu veuilles faire le petit chef en exercant a,au contraire de ta mission, un pouvoir sur les enfants sans ouvrir ton cœur mais pourquoi? La nation lol, te orendrais-tu pour Don Quichotte ? C'est fini la Nation même Martine n'y crois plus.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#766 Message par henda » 30 janv. 2020, 08:46

Sifar a écrit :
30 janv. 2020, 01:25
Certaines compétences... du genre, comment additionner deux fractions, ou savoir que 5x2x3, ça fait 30 et pas 150.
Ouch :x Comment ils arrivent à 150 ? En faisant 5x2=10 5x3=15 donc 10x15=150 ? :idea: :|

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#767 Message par Sifar » 30 janv. 2020, 10:39

henda a écrit :
30 janv. 2020, 08:46
Sifar a écrit :
30 janv. 2020, 01:25
Certaines compétences... du genre, comment additionner deux fractions, ou savoir que 5x2x3, ça fait 30 et pas 150.
Ouch :x Comment ils arrivent à 150 ? En faisant 5x2=10 5x3=15 donc 10x15=150 ? :idea: :|
Ils distribuent la multiplication sur elle-même.
a*(b*c)=(a*c)*(b*c)
Cela se voit souvent dans les calculs de discriminants ( b² - 4ac... 4a4c... ). Cela a toujours existé, mais ce n'est un classique que depuis 5 ou 6 ans.
Mais nul doute que l'enseignement précoce de l'informatique, l'introduction en Sixième du log de base 2 comme profondeur d'un arbre binaire va résoudre le problème.
( Avant, on donnait des règles, on les nommait: commutativité, associativité, neutre, etc... fini ça, maintenant on est moderne, on fait du Scratch, on utilise la calculatrice, on fait des tâches complexes, on fait des statistiques pour dénoncer les inégalités de genre...On peut toujours le faire plus tard, mais le mal est fait, et ce n'est pas avec 3h de cours et une heure de TD par semaine en Seconde ou Première spécialité qu'on va corriger ça. )

Grézillo se marre.
Ce que dit Pimono est exact.

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#768 Message par ProfGrincheux » 30 janv. 2020, 11:17

Le point de vue de Sifar prend en compte une dimension oubliée du rôle de l'enseignant. Il est aussi un fonctionnaire d'autorité à role préventif. Je ne parle pas que de l'auctoritas. Une partie de son travail consiste à donner les bonnes habitudes pour éviter de donner à terme trop de travail aux fonctionnaires régaliens (gendarmes, policiers, juges, surveillants pénitentiaires).

Les individualistes vont hurler au formatage mais il y a de ça dans l'enseignement primaire et secondaire. Enseigner l'esprit critique est une excellente chose, au lycée, à condition qu'on enseigne aussi qu'il n'a de pertinence que si on a quelque idée de ce qu'on critique. L'insistance sur ce point était une des choses les plus intéressantes dans le marxisme populaire, malheureusement il y manquait une dimension d'honnêteté intellectuelle.

Voila une autre dimension un peu oubliée du métier d'enseignant, enseigner l'honnêteté intellectuelle qui consiste notamment à dire qu'on ne sait pas quand on ne sait effectivement pas et à accepter l'idée qu'on peut se tromper.

Ces deux dimensions se rejoignent dans la question de l'auctoritas, l'autorité de l'argument d'autorité.Le professeur est aussi détenteur d'une présomption de légitimité pour utiliser l'argument d'autorité dans un domaine restreint de la connaissance. Elle perd sa légitimité s'il n'y a pas d'honnêteté intellectuelle et travail sérieux.

Il y a une ressemblance non accidentelle avec les difficultés rencontrées actuellement par certains détenteurs d'autorité politique.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#769 Message par ProfGrincheux » 30 janv. 2020, 11:31

Sifar a écrit :
30 janv. 2020, 10:39
henda a écrit :
30 janv. 2020, 08:46
Sifar a écrit :
30 janv. 2020, 01:25
Certaines compétences... du genre, comment additionner deux fractions, ou savoir que 5x2x3, ça fait 30 et pas 150.
Ouch :x Comment ils arrivent à 150 ? En faisant 5x2=10 5x3=15 donc 10x15=150 ? :idea: :|
Ils distribuent la multiplication sur elle-même.
a*(b*c)=(a*c)*(b*c)
Cela se voit souvent dans les calculs de discriminants ( b² - 4ac... 4a4c... ). Cela a toujours existé, mais ce n'est un classique que depuis 5 ou 6 ans.
Mais nul doute que l'enseignement précoce de l'informatique, l'introduction en Sixième du log de base 2 comme profondeur d'un arbre binaire va résoudre le problème.
( Avant, on donnait des règles, on les nommait: commutativité, associativité, neutre, etc... fini ça, maintenant on est moderne, on fait du Scratch, on utilise la calculatrice, on fait des tâches complexes, on fait des statistiques pour dénoncer les inégalités de genre...On peut toujours le faire plus tard, mais le mal est fait, et ce n'est pas avec 3h de cours et une heure de TD par semaine en Seconde ou Première spécialité qu'on va corriger ça. )

Grézillo se marre.
C'est parfaitement clair que l'acquisition des mécanismes de calcul littéral a été délibérément négligée par les programmes de mathématiques du secondaire. Comme c'est mortellement chiant, un peu comme l'orthographe, c'est super dur à apprendre après 16 ans. Il ne faut pas trop se poser de questions sur l'utilité de la chose car elle n'apparait qu'après coup, comme un élément d'acquisition de discipline intellectuelle.

C'est une erreur pédagogique profonde mais tout le monde s'en fout.

Bref, seuls les parents qui en connaissent la valeur transmettront la discipline intellectuelle et comme c'est une arme très efficace dans une société organisée selon des principes de concurrence ca se retournera contre le doux rêve d'égalité des bécassines et des bécassons pédagogistes.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#770 Message par ProfGrincheux » 30 janv. 2020, 11:42

WolfgangK a écrit :
30 janv. 2020, 00:57
JE tombe sur
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@soazigleneve
Devant la @ConferenceDesGE
Pierre Mathiot appelle l’enseignement supérieur à faire « sa révolution copernicienne » en se préparant à « accueillir des élèves à qui il manquera certaines compétences ». « Les formations post bac ont vocation à permettre des formes de remédiation »
Je pense qu'il y a un bon créneau pour de l'enseignement supérieur privé sélectif.
Il me semble qu'on est en plein dans cette révolution copernicienne permanente depuis 20 ans.

La remédiation devient en effet une thématique de plus en plus dominante des formations post bac. Mais le problème est que ca coute des sous. Et que le symbole zombie du baccalauréat comme pouvant donner accès à toutes les filières universitaires classiques est maintenu artificiellement en vie. L'accès de droit qu'il procure est un droit formel comme disaient les marxistes.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#771 Message par EU12 » 31 janv. 2020, 17:08

ProfGrincheux a écrit :
29 janv. 2020, 17:53
@Jeffrey: c'est possible que je me trompe. J'entends dire partout que les informaticiens se font jeter comme des kleenex à 50 piges. Si les gars se font jeter a 50 ans ne trouvent pas de boulot et doivent tirer jusqu'a 65 il va falloir faire de serieuses concessions salariales s'ils n' ont pas amassé de quoi vivre de leurs rentes. Ca doit être possible de les former s'ils y consentent. En les reclassant à l'échelon 8 pour rendre la pilule moins amère. Le problème des compétences est certain, il faut leur en faire acquérir de nouvelles. Mais on y arrive bien avec les mêmes 30 ans avant. C'etaient pourtant pas tous des flèches.

Bon, peut être ils ne trouvent que du boulot sous payé mais mieux payé que certifié.

C'est un peu le profil des 4 profs de techno de collège qu' a eu ma fille, sauf qu'ils étaient contractuels et dépourvus de toute formation pedagogique. Ils étaient tous particulièrement catastrophiques, très inférieurs aux certifiés. Ils avaient aussi oublié les bases qu'ils avaient plus ou moins bien apprises à l'IUT.

C'est peut être un biais corporatiste mais les quelques profs nuls de ma fille au collège étaient des contractuels (source: le proviseur du collège). Les certifiés étaient au moins passables, certains faisant même du fort bon boulot. Et pourtant c'étaient pas non plus des flèches quand on les avait en Licence.....

Je dois être idéaliste mais avec un an de formation continue on devrait arriver à les rendre passables, au niveau de la queue du classement des admis au CAPES. Et puis s'ils sont indécrottables on les titularise pas.
L'EN n'a pas vraiment le choix sinon il y a pénurie de profs... dans le collège dans lequel je travaille, certaines classes ont commencé l'anglais la semaine précédant les vacances de la Toussaint (pas de TZR disponible ni de contractuels). Nous avons également vu passer trois contractuels qui nous ont quittés plus ou moins rapidement... :lol:

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#772 Message par ProfGrincheux » 31 janv. 2020, 17:57

Les contractuels en question sont en cdd. Ils ne sont pas titularisés.
La pénurie de profs, l'EN devrait se demander d'ou elle vient.
Ignorés: Manfred, titano.

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#773 Message par Nouveau stephanois » 09 févr. 2020, 16:21

:shock: :shock: :shock:

https://fr.quora.com/Quelle-est-la-plus ... t-que-prof

On est censé réagir comment à court terme dans une telle situation ?

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#774 Message par crispus » 09 févr. 2020, 16:50

Il faudrait privatiser l'inspection et mettre ces donneurs de leçon en cdd. :mrgreen:

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#775 Message par wizi » 09 févr. 2020, 17:21

En effet :shock:

Et dire que j'ai fait deux semaines à l'IUFM...Et que je me suis dit que c'était pas pour moi.

Ne pas faire prof, et me réorienter a sûrement été une des meilleures décisions de ma vie.

Je comprend que bcp de profs partent en dépression. Surtout que maintenant, ils ne peuvent plus taper un peu les élèves, pour les recaser.
Ce n'est pas en améliorant la bougie que l'on a inventé l'ampoule électrique...

Vous connaissez le principe de l'Idiocratie ? Les c0ns gagnent toujours à la fin.

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#776 Message par henda » 09 févr. 2020, 17:31


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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#777 Message par pangloss » 16 févr. 2020, 21:12

Emmanuel Todd
Les luttes des classes en France au XXIe siècle
Chapitre 2 (extrait, pages 61 à 75)

Le déplacement social de l'intelligence


Après la strate consciente, celle de l'économie, plongeons un peu plus profond dans l'analyse de la structure sociale, dans ce que j'appelle la couche subconsciente , qui correspond à l'éducation.
Pourquoi l'éducation est-elle de l'ordre du subconscient ? Parce que chacun sait qu'elle joue un rõle crucial. qu'après les études vient le métier et que ce métier est très largement déterminé par le type d'études que l'on a fait. Il n'est que de songer aux parents qui vivent désormais dans l'angoisse que leurs enfants échouent dans cette étape décisive de leur existence. Même l'OCDE a fini par admettre l'importance de l'éducation, classant systématiquement les nations par niveau éducatif moyen, en parallèle avec le PIB par tête.

Pour autant, je parle d'une strate "subconsciente", parce que l'éducation est aujourd'hui mal située dans les modèles qui s'efforcent de saisir les motivations de l'histoire humaine : on refuse de voir, en général, qu'il s'agit d'une variable autonome, qu'elle se développe - où ne développe pas- en elle-même, indépendamment (pour
une large part) de l'économie. Ainsi, l'OCDE s imagine encore que l'élément moteur pour l'essor de l'éducation, c'est l'investissement financier, ce qui n'est pas le cas : dans la séquence causale du progrès humain, le développement éducatif précède le développement économique et non l'inverse. Des interactions sont tout à fait envisageables. Comme nous allons le voir, une crise économique peut favoriser une régression éducative. Mais, dans l'ensemble, il faut bien comprendre que le développement de l'éducation constitue l'axe central de l'histoire. Il faut certes un investissement minimal pour éduquer, en argent ou en temps d'activité enseignante, mais on constate empiriquement que les sociétés qui réussissent le mieux sur le plan éducatif - actuellement les sociétés du nord de l'Europe, le Japon ou la Corée du Sud - ne sont pas celles qui y consacrent la proportion la plus grande de leur PIB. Nous pouvons trouver des causes non économiques à ces différences d'efficacité : des restes d'intériorité protestante ou de discipline familiale - mais nous atteignons ici les couches inconscientes de la vie sociale. Oublions un instant ces différences et la compétition entre nations : partout sur la planète, cn a voulu apprendre à lire et écrire, puis développer une éducation secondaire et supérieure, avec des succès divers, mais toujours en vertu d'une tendance humaine à "avancer" qui n'est pas déterminée, fondamentalement par l'économie. Cette tendance, on va le voir, n'est pas toujours victorieuse.

Nous vivons, avec la domination idéologique des économistes ou des gens qui croient en la primauté de l'économie - mettons, de Jean-Claude Trichet à Paul Krugman-, le triomphe d'une sorte de marxisme vulgaire, celui qui était censé avoir, avec Marx, remis Hegel sur ses pieds, remplacé l'idéalisme historique par le matérialisme historique. Je me contente ici de revenir à la conception qui dominait, bien avant Hegel, chez tous les penseurs du XVIIIe siècle, mieux, chez tous les gens raisonnables qui, à l'instar de Condorcet dans son Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, estimaient que l'apprentissage de la lecture et de l'écriture constituait le fondement de la marche en avant de l'humanité. Dans le chapitre précédent, nous avons vu que la phase 1992-2018 peut être décrite comme un moment décisif de régression économique. Ce n'est pas une immense surprise puisque nous avons eu droit pendant cette période à deux récessions avec hausse du taux de chômage à plus de 10 %. l'une provoquée par la politique de la monnaie unique elle-même, l'autre par la politique de la monnaie unique se greffant sur la Grande Récession mondiale de 2007-2008. Comme l'éducation évolue de façon largement autonome, il n'existe pas de raison a priori pour qu'à cette régression économique vienne s'ajouter une régression éducative. La preuve en est que la crise des années 1930 n'avait rien provoqué de tel, ni aux Etats-Unis ni en Europe.
Pourtant, se concentrer sur la variable de l'éducation dans la période 1992-2018 revient à déterrer une mine. Pour la raison simple qu'on constate une crise éducative qui, à bien des égards, est beaucoup plus préoccupante encore que le naufrage économique du pays.


L'extension problématique du supérieur


Commençons par les enseignements secondaire et supérieur. Le développement de l'éducation secondaire s'amorce après la Seconde Guerre mondiale. Les événements de Mai 68 accélèrent le processus et de 1968 à 1995. l'éducation secondaire connaît une expansion formidable, qu'on peut mesurer par la proportion d'individus qui, dans une cohorte donnée (autrement dit, pour faire simple, une génération) obtiennent le baccalauréat général. Entre 1968 et 1995, on passe de 19.6 % d'une cohorte qui obtient le baccalauréat général à 37,2 %, soit presque un doublement. Ensuite, se produit une crise décisive qui est mesurable à partir de 1995 en France, mais avait eu son équivalent dès 1965 outre-Atlantique, parce que l'Europe continentale a grosso modo une génération, voire plus de retard sur les États-Unis: en France, la proportion d'individus qui obtient le baccalauréat général chute de 37,2 à 31,6 % entre 1995 et 2004.
Il ne faut pas exclure complètement la conjoncture et l'économie comme facteurs explicatifs de cette baisse : elle a lieu dans le contexte de contraction des dépenses liée à la première des deux récessions économiques que j'évoquais plus haut entièrement imputable à Maastricht. L'austérité budgétaire ahurissante imposée à tous pour respecter les critères d'entrée dans l'euro n'a pas épargné le système éducatif. Rappelons-nous l'ambiance de l'époque : une véritable crise, incluant les grandes grèves de l'automne 1995, une dissolution du Parlement menant à l'autodissolution tragicomique du pouvoir présidentiel de Chirac. Cette atmosphère dépressive a pu contribuer à la chute stupéfiante, en un peu moins d'une décennie, de 37.2 % d'une génération à obtenir le bac général à 31.6%. Toutefois, le taux de chômage n'est resté supérieur à 10 % que de 1993 à 1999. Or la baisse éducative s'étend, elle, de 1995 a 2004. Si, conjoncturellement, elle a pu être en partie déclenchée par le contexte économique-monétaire, sa prolongation et la trajectoire nouvelle qui se dessine par la suite invitent à chercher des causes plus profondes.
On observe, dans un troisième temps, une reprise apparente : entre 2004 et 2018, la proportion des individus qui, dans une cohorte d'âge, obtiennent le baccalauréat général remonte de 31.6 2 42,1 %. Mais avons-nous toujours affaire au même bac ? Je pense que la rupture de 1995 est une vraie rupture. La réalité des progrès antérieurs à cette date n'est pas
Kidiscutable : jusqu'à 1995, le bac général restait le bac. Il n'était pas dévalué par rapport à celui qu'avaient pu passer les générations antérieures. La hausse postérieure à 2004 évoque autre chose. Cette remontée de la proportion d'une génération obtenant le bac correspond en effet, entre 1995 et 2018, à un taux de réussite des candidats au bac général qui est passé de 72 % à 88 %. Donc, non, nous n'avons plus affaire au même bac : il est plus facile à obtenir.

(Tableau 2.1. Le pourcentage de bacheliers par cohorte)

La chute de l'addition à trous, et du reste

Une étude récente de la Direction de l'évaluation, de la prospective performance (DEPP, rattaché à l'Éducation nationale), à la fois solide et simple dans sa convention, permet de mesurer de façon tangible cette baisse de niveau et de la saisir à la source, au sortir du primaire. Elle nous donne pour les élèves de CM2 en 1987, 1999, 2007 et 2017 un état de l'évolution des scores en calcul. Evaluer la façon dont des enfants de dix ans environ sont capables de faire à la main des additions à trous, des soustractions à trous, des multiplications et ce qui reste le plus difficile pour nous tous, des divisions, présente un avantage : les résultats sont facilement comparables d'un enfant et d'une année à l'autre. Or qu'observe-t-on entre 1987 et 2017 ? Le score moyen passe de 250 points en 1987 à 210 en 1999, 202 en 2007, 176 en 2017. Une véritable chute donc.

Ces scores en calcul sont fortement corrélés aux performances en lecture et en orthographe. Une étude un peu antérieure de la DEPP nous apprend ainsi que les compétences orthographiques mesurées dans le cadre d'une dictée diminuent globalement : en 2015. les
élèves font en moyenne 17.8 erreurs contre 14.3 en 2007 et 10,6 en 1987. Point significatif : c'est l'orthographe grammaticale (règles d'accord entre le sujet et le verbe, accords dans le groupe nominal, accords du participe passé) qui demeure la source principale de difficultés pour les écoliers français Or on sait que les accords de la langue française sont très proches du calcul en termes de gymnastique mentale.

Ces chiffres qui évaluent le niveau scolaire d'élèves de CM2 sont précieux : ceux de la première étude (sur le calcul) concernent des générations qui ont passé le bac respectivement en 1994, 2006 et 2014, ainsi que celle qui le passera en 2024. des générations qui ont donc
fait leurs études supérieures entre 1994 et 1999, entre 2006 et 2011, entre 2014 et 2019, ou qui les feront entre 2024 et 2029. Ils per de se projeter dans l'avenir et de se faire une idée de l'état intellectuel des générations futures. Cet avenir, on le devine, risque de ne pas être radieux.

Les résultats des études de la DEPP confirment l'hypothèse selon laquelle nous n'avons plus affaire au même bac et que l'augmentation du nombre de bacheliers après 2004 n'est pas dans la continuité des tendances de l'après-guerre et de l'après-1968. Sinon, comment expliquer que de plus en plus d'enfants obtiennent le bac au sein de générations qui savent de moins en moins bien écrire et compter ?

(1. Note d'information n 28, novembre 2016, - Les performances en orthographe des élèves la fin de l'école primaire (1987-2007-2015) )

Ces chiffres laissent supposer que le niveau de l'enseignement supérieur a dû, lui aussi, baisser pendant notre période : car l'augmentation de la proportion de personnes qui obtiennent le bac, observée à partir de 2005, a bien sûr été suivie d'une augmentation de la proportion d'une génération qui fait des études supérieures.

Les sources Eurostat nous disent qu'en France la part d'une cohorte qui fait des études supérieures d'un type ou d'un autre c'est
bac + 2 minimum) est passée de 27.4 % en l'an 2000 à 43,6% en 2016. Il suffit de réfléchir deux minutes pour se rendre compte que quelque chose cloche : une société ne peut pas faire un bond éducatif de cette ampleur en seulement seize ans. Le développement de l'éducation obéit à des rythmes plus lents. Le niveau des études supérieures non plus ne peut donc pas être resté le même.

J'admets ces déclins par devoir de chercheur et avec tristesse. Toute ma vie, j'ai resisté aux théories "déclinistes". Je ne suis, comme Alain Finkielkraut, pessimiste de tempérament et social-dépressif d'idéologie. Je suis un optimiste, sensible aux progrès de l'humanité : l'un de mes premiers livres s'intitulait L'Enfance du monde et j'y analysais en détail l'alphabétisation universelle de la planète. Cet acquis n'est pas perdu car j'insiste là-dessus, le récent déclin educatif n'empêche pas les enfants d'apprendre à lire, écrire et compter. Simplement, ils le font un peu moins bien qu'auparavant, plus lentement avec moins d'aisance. Enregistrer ces résultats en baisse représente pour moi une application du principe d'empirisme, qui a guidé toute ma vie de chercheur.

L'année ou le niveau baissera pour la société
dans son ensemble : une évaluation difficile


De cette évolution des cohortes les plus récentes, on pourrait tenté de déduire que le niveau éducatif global de la société baisse. Ce n'est pas le cas. Du moins, pas encore.

Le niveau éducatif d'une société est constitué des niveaux éducatifs de toutes ses tranches d'âge. Or le niveau éducatif des anciennes générations est encore extrêmement bas et leur disparition fait mécaniquement monter le niveau global. Les deux tableaux qui suivent (non représentés ici, Source INSEE) font apparaître la rareté des études supérieures au-dessus 65 ans et la fréquence plutôt élevée des difficultés d'écriture et de calcul au-dessus de 50 ans, ce qui semble contredire ce qui vient d'être dit de la chute récente.


Un article très intéressant de 2016 sur les difficultés d'écriture et de calcul selon l'âge dans la population active ( jusqu'à 65 ans donc) constate que ces difficultés sont maximales dans la population active entre 60 et 65 ans. Pour autant, comme le notent les deux auteurs, Fabrice Murat et Thierry Rocher, ces chiffres doivent être interprétés avec précaution parce qu'au-delà d'un certain âge on mesure une baisse des compétences en écriture et en calcul due au vieillissement. Ce mélange d'effets de cohorte et de cycle de vie rend l'évaluation
plus complexe qu'elle n'y paraît.

Énumérons les évolutions que nous devons combiner pour suivre le niveau éducatif global.
Du côté positif :

- La disparition des cohortes âgées ayant fait peu d'études secondaires et supérieures et dont les compétences en calcul et en orthographe étaient faibles

- l'élévation réelle du niveau des cohortes jusqu'à la génération qui a eu son baccalauréat en 1995, et dont les études supérieures peuvent être considérées comme de niveau stable.

Du côté négatif :

- les problèmes cognitifs des actifs pour toutes les cohortes à partir de 50 ans environ, sachant que la proportion d'actifs de cet âge augmente par suite du vieillissement général de la population;

- la chute du niveau en calcul et orthographe des générations les plus jeunes. qi, lorsque celle-ci avancent en âge, conduit à une baisse de niveau du baccalauréat puis de l'enseignement supérieur.

J'ai, malgré ces difficultés, essayé de trouver une façon raisonnable de situer dans le temps un point de basculement : le moment où l'arrivée à l'âge adulte des jeunes générations plus faibles en calcul pèvsera plus lourd dans les équilibres économiques et sociaux que la sortie des générations anciennes peu formées, un moment où la population française dans son ensemble passera d'un niveau éducatif ascensionnel à un mouvement descendant. J'ai choisi la date où les jeunes de niveau plus faible, mesuré par l'étude de la DEPP atteindront l'âge médian actuel de 40 ans, considérant qu'à ce moment-là l'effet d'amélioration lié à la sortie des générations anciennes ne jouera plus vraiment. On peut ainsi faire une estimation de l'année où commencera la chute du niveau éducatif global de la société française.

Je suis parfaitement conscient de la multiplicité des décisions arbitraires qui interviennent dans un tel choix. Dans le contexte d'incertitude qui pèse désormais sur les niveaux du primaire, du baccalauréat et des études supérieures, toute évaluation qui prétendrait être une certitude prêterait à rire. Reste que nous ne pouvons prétendre parler de l'avenir sans une telle tentative d'évaluation.

La date d'arrivée à l'âge de 40 ans des premières générations pour lesquelles la DEPP mesure une chute de niveau est 2030. Nous allons devoir imaginer une compétence globale qui baisse dans le contexte d'un système économique technologiquement plus sophistiqué que jamais, plus robotisé notamment. Mais le monde qui vient est-il si incohérent, au fond ? Des individus qui lisent moins facilement auront-ils besoin de ncette compétence pour parler à des machines ?

Nous cherchons à comprendre l'inertie politique de la période 1992-2019 et notre évaluation nous indique qu'elles ne furent pas, pour la population française dans son ensemble, une phase de déclin. Les groupes d'âge actifs étaient en progression cognitive. S'il y a bdans l'évolution de l'éducation, bien des raisons de nous inquiéter pour l'avenir, nous n'y trouvons pas une explication des renonciations du passé proche. C'est même à l'apogée du niveau éducatif atteint par la France que l'euro a cessé d'être mis en question.

Une chute démocratique

L'étude de la DEPP comporte une bonne nouvelle dans la mauvaise nouvelle : le niveau baisse, mais cette baisse touche les enfants de toutes les catégories sociales et ne fait guère d'entorse au principe démocratique. De 1987 à 2017, les scores des enfants des cadres et des professions intellectuelles supérieures tombent de 278 à 206, ceux des professions intermédiaires de 263 à 188, ceux des ouvriers de 238 à 166. La chute n'est pas exactement proportionnelle puisqu'elle s'aggrave quand même un peu lorsqu'on descend l'échelle sociale : 26% chez les cadres, 28% chez les intermédiaires, 30 % chez les ouvriers. Mais nous sommes toujours dans le modèle d'une France où la croissance des inégalités entre CSP n'est pas le problème central.

Cette chute générale suggère que les causes sont elles aussi, générales. La première qui vient à l'esprit aurait quelque chose à voir avec les techniques d'apprentissage si les enfants savent moins bien compter, ce serait par exemple, parce qu'à l'âge de la calculette, on leur fait faire moins de calcul mental. Ce n'est pas impossible. Nous pourrions d'ailleurs compléter cette interprétation par une remarque optimiste soulignant la nouvelle virtuosité des enfants sur leurs écrans et téléphones portables. Certes, ils comptent moins bien, mais ils savent faire tellement d'autres choses ! Je pense qu'en réalité l'école n'est pas la seule ni même la principale responsable du déclin des facultés intellectuelles élementaires. L'apprentissage de la lecture, et celui du calcul, si fortement liés, doivent autant sinon davantage à l'entourage familial et social qu'à l'institution scolaire. Il intervient durant une phase cruciale du développement d'un individu et modifie son cerveau en profondeur. La lecture complexifie la vie intérieure et transforme la personnalité de l'enfant qui la pratique de façon intensive, elle change son rapport au monde. Or cet apprentissage a été perturbé dès l'arrivée de la télévision bien avant celle des tablettes et écrans de notre monde actuel.

C'est évident dans le cas des États-Unis, où la baisse des scores aux tests de raisonnement SAT se manifeste dès les années 1960-1970 et peut être directement corrélée à l'impact massif et précoce de la télévision : les jeunes Américains se sont mis à lire moins, ce qui a
nui au formatage positif des cerveaux. Le développement de l'univers avant tout visuel d'Internet (les vidéos et séries télé en ligne) n'a évidemment pas arrangé les choses : toutes les sociétés du monde doivent désormais affronter un reflux massif de l'écrit comme instrument de loisirs pour les enfants en cours de formation cérébrale.

Il ne s'agit pas de dire que la vidéo est nuisible en soi. Les vidéos comme les séries télé peuvent être très instructives et posséder une valeur artistique supérieure à celle de beaucoup de romans. Mais elles ne formatent pas le cerveau de la même manière. A un certain âge
(en gros à partir du moment où l'on sait lire, vers six ans, jusqu'à la puberté), lire un mauvais roman fait plus de bien au cerveau que regarder un chef-d'oeuvre du cinéma. Ce constat a quelque chose de paradoxal : il est insensé qu'une percée technologique nous menace d'un effondrement intellectuel, et difficile d'admettre que l'un des grands facteurs du développement intellectuel de l'espèce humaine a peut-être été l'effroyable ennui de ces après-midi de vacances où, pour s'occuper, les enfants lisaient.

Notons que la baisse du niveau intellectuel s'observe dans l'ensemble du monde développé. Comme l'a montré James R. Flynn, le quotient intellectuel (QI) a pendant longtemps augmenté dans les pays occidentaux (formidable désaveu de toutes les théories de la dégénérescence génétique qui déduisaient du fait que les pauvres faisaient plus d'enfants celui que le niveau intellectuel allait baisser). Ce Flynn effect, ou hausse généralisée du QI, qui a touché aussi les pays en voie de développement, a cependant, dans la phase la plus récente, cédé la place à un reverse Flynn effect. On peut observer un début de baisse du QI, d'autant plus significatif que la plupart des tests et mesures ont été effectués pour des échantillons représentatifs dans des pays protestants (Norvège. Danemark. Grande-Bretagne, Pays-Bas, Finlande,Estonie). Or le monde protestant, c'était le monde de la lecture (et pas seulement de la Bible).

Pour les générations parmi lesquelles les études de la DEPP ont déjà révélé une détérioration du niveau en calcul, corrélée aux capacités de lecture et d'écriture ainsi qu'à un problème d'agilité intellectuelle en général, la messe est dite. La lecture intensive structure
le cerveau à une certaine époque de la vie. Ses bienfaits ne sont pas récupérables par la suite lorsque celui-ci devient moins plastique (c'est pourquoi l'alphabétisation des adultes est si difficile). Il faut accepter le fait que ces générations liront un peu plus lentement, calculerons un peu moins bien et, comme nous allons le voir plus loin, feront beaucoup d'études. Pour les générations ultérieures, en revanche, rien n'est a priori perdu et une mise sous contrôle des écrans pourrait iinfirmer les projections pessimistes des paragraphes qui précèdent.

On pourrait imaginer que les parents parviennent - non sans mal à protéger leurs enfants des tentations de la télévision et d'Internet pendant la phase de leur développement où il est important qu'ils lisent beaucoup. Mais soyons clairs : il s'agirait d'une révolution aussi importante que la diffusion du puritanisme entre le XVIIe et le XIX siècle, l'interdit visuel n'étant pas plus facile à mettre en place qu'un interdit sexuel. Mais qui sait : dans la phase la plus récente, la lutte contre le tabagisme ou celle pour la ceinture de sécurité ont dans l'ensemble plutôt réussi.


La stratification educative

Au-delà de la question de savoir si le développement de l'éducation supérieure signifie une hausse du niveau éducatif réel des cohortes - ce qui était vrai mais ne l'est probablement plus depuis l'arrivée à l'université des générations qui ont eu vingt ans en l'an 2007 -, il n'est pas sûr que son essor soit un pur bienfait pour l'humanité.

L'éducation supérieure conduit aussi à une crise de la démocratie. Elle introduit dans la société une division nouvelle : la stratification éducative. Celle-ci va avoir des conséquences idéologiques non négligeables : elle favorise le développement d'un subconscient inégalitaire qui explique l'acceptation de plus en plus grande, à partir du milieu des années 1960 aux États-Unis et des années 1990 en France, de politiques économiques inégalitaires ou aux conséquences inégalitaires (le libre-échange et l'euro en ce qui nous concerne).

La hausse du taux d'alphabétisation puis l'atteinte de l'alphabétisation universelle, du XVIIe au XXe siècle, avaient scandé la progression irrésistible de l'idéal démocratique. Les populations se rendaient compte que ce qui était réservé aux prêtres et aux commerçants au
Moyen ge se diffusait à des masses de plus en plus grandes bientôt le dernier des ouvriers agricoles serait capable de lire et d'écrire. La société pouvait bien rester fondamentalement inégalitaire sur le plan économique (qu'on songe à la France de la fin du XIXe siècle), dans la mesure où les individus étaient de plus en plus égaux en termes de compétences intellectuelles et éducatives, un subconscient democratique irriguait progressivement le corps social.

Dans ce monde démocratique ancien, les personnes ayant fait des études supérieures étaient très peu nombreuses, quelques pourcents, et, si elles voulaient exister socialement, il fallait qu'elles parlent aux
autres. Les éduqués supérieurs (je désigne ainsi des personnes qui, avant la mise en place de l'université moderne, ne pouvaient pas, bien entendu, avoir fait des études supérieures à proprement parler, mais qui avaient eu des précepteurs), ces éduqués supérieurs, donc,
s'ils étaient producteurs de culture, devaient s'adresser aux alphabetisés ordinaires, dans leurs romans, leurs pamphlets, leurs chansons.

Or la montée en puissance de l'éducation supérieure a produit surtout à partir du moment où elle s'est bloquée, où l'on a pressenti que, contrairement à l'alphabétisation, elle ne serait pas universelle, l'émergence d'un sentiment inégalitaire d'un type nouveau. Le problème n'est pas simplement que ceux qui sont en haut se voient au dessus des autres et sous prétexte qu'ils ont eu une éducation supérieure, se pensent vraiment supérieurs. Le problème est aussi qu'ils peuvent se permettre de vivre entre eux : 31 % de diplômés du supérieur, cela
représente presque un tiers de la société. Ces personnes peuvent écrire des livres qui ne s'adressent qu'à d'autres éduqués supérieurs. La stratification éducative favorise une vision de l'art élitiste et narcissique. Elle explique qu'on soit passé de Balzac, Zola, Hugo à Catherine Millet, Philippe Besson, Christine Angot. Et elle permet de comprendre une bonne partie de la production cinématographique française de ces dernières décennies, qui n'a plus aucun rapport avec la société en général et se satisfait de ne plus être que le reflet des préoccupations professionnelles et sentimentales des classes dites moyennes supérieures. La Grande Illusion et La Grande Vadrouille mettaient en scène des rapports de classes. Alceste à bicyclette ou Le code a changé, non. Le sommet du décrochage culturel me semble atteint par certaines séries policières de la télévision dans lesquelles des officiers de police tout à fait ordinaires membres en réalité, on l'a vu, des professions intermédiaires) se pavanent, hors service, dans des appartements ou maisons sublimes avec, si possible, vue sur la mer.

Cet réalisme social se produit sur fond d'émergence d'une population dont un tiers a fait des études supérieures contrairement aux deux autres tiers.

Si l'on considère l'ensemble de la population de plus de 25 ans, nous sommes passés de 18 % de personnes ayant reçu une éducation supérieure en 1999, au moment de l'entrée dans l'euro, à 31.4 % en 2018. La masse des éduqués supérieurs a presque doublé. Si l'hypothèse d'un subconscient inégalitaire résultant de la diffusion des études supérieures est correcte, on doit admettre que la masse des sentiments antidémocratiques a énormément augmenté en France depuis Maastricht.

Sur qui ce nouveau subconscient inégalitaire pèse-t-il le plus ? Pas sur les vieux. En 2015-2016, 85% des 65 ans et plus n'avaient pas fait d'études supérieures, ils n'étaient que 6% à avoir atteint bac + 2 et 9% un diplôme du supérieur au-delà de bac + 2.
Selon mes critères, les vieux restent peu fragmentés et donc depositaires de la vieille conscience égalitaire et démocratique. A l'inverse, la génération la plus fragmentée est celle des 25-34 ans qui, à 53 %, n'a pas fait d'études supérieures, mais dont 14% ont atteint bac + 2 et 33 % obtenu un diplôme du supérieur plein et entier. Le groupe socio-démographique porteur du subconscient social inégalitaire le plus fort est donc celui des jeunes de 25-34 ans, diplômés du supérieur à 47 %. On notera que c'est dans ce groupe d'âge qu'on voit apparaître le nouveau retard des hommes sur les femmes, puisque les individus de sexe masculin n'y sont diplômés du supérieur qu'à 44% et les femmes à 51 %. Au terme de l'analyse, nous devons constater que la catégorie qui porte aujourd'hui le plus pleinement le clivage inégalitaire est majoritairement jeune et féminine.
Modifié en dernier par pangloss le 16 févr. 2020, 21:34, modifié 1 fois.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#778 Message par Sifar » 16 févr. 2020, 21:31

Certes, ils comptent moins bien, mais ils savent faire tellement d'autres choses !
Ben non. Cette phrase, ça fait 25 ans que je l'entends, j'ai toujours de mandé: ah oui, quoi ? . Jamais eu de réponse satisfaisante. Les supposées compétences informatiques ne dépassent pas l'utilisation du clic gauche et du glisser sur une tablette.
Il faut avoir essayé d'enseigner les bases de la programmation à une classe de Seconde pour comprendre. Tout pose problème, les touches inconnues du clavier ( le h à l'envers ), ce qu'est une arborescence, le concept de variable,
où sauver son programme...
Et aller sur jeuxvideos.com pour récupérer les sujets des E3C déjà tombés, ce n'est pas très impressionnant.
( Il reste des bons, mais ils s'ennuient, et ils sont peu nombreux. )
Modifié en dernier par Sifar le 16 févr. 2020, 21:45, modifié 1 fois.
Ce que dit Pimono est exact.

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#779 Message par pangloss » 16 févr. 2020, 21:36

La phrase est ironique
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#780 Message par kamoulox » 16 févr. 2020, 23:19

Enorme!


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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#781 Message par Gilles C » 18 févr. 2020, 19:52

Vous savez pourquoi les fils de profs réussissent mieux ?

 (...) ils valorisent l'enseignement et respectent les acteurs. Ce faisant, ils donnent implicitement confiance à leur progéniture et développent chez elle de l'empathie envers le système.(...)
https://www.lepoint.fr/education/les-ra ... 8_3584.php

:D

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#782 Message par Marie 94 » 18 févr. 2020, 22:01

@Pangloss: merci d'avoir partagé des extraits du dernier livre de Todd. Je l'avais feuilleté rapidement dans une librairie mais j'hésitais à l'acheter comme je venais de finir l'archipel français de Jérôme Fourquet qui est très bien et qui traitait des mêmes sujets.
Comparé au bouquin de Fourquet, que vaut celui de Todd ? Tu le recommandes ?

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#783 Message par Jeffrey » 19 févr. 2020, 01:01

En tout cas ce passage est intéressant, il met en lumière l'idée que l'inégalitarisme ressenti est le fait d'une partie de la population qui n'est plus une minorité faible - les diplômés du supérieur - mais une forte minorité qui se positionne comme un sous groupe élitiste assez nombreux pour se passer d'une relation avec le reste de la population.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#784 Message par ProfGrincheux » 19 févr. 2020, 09:14

Intéressant. Mais est ce que ce concept de stratification éducative permet bien une description adéquate de la réalité? C'est une hypothèse crédible mais la justification en est un peu légère sur le plan factuel. J'aurais besoin de plus pour accepter que la hiérarchie éducative (qui existe) structure aussi profondément la société.

On comprend sans doute mieux comment fonctionne la stratification économique. Or, ces deux stratifications ne sont pas complètement corrélées.

L'idée que les études supérieures ne sont pas forcément rentables me semble de plus en plus prégnante. Je n'ai pas de preuve, mais dans le monde anglo saxon la question de la dette étudiante à mis en évidence qu'une forte minorité de diplômés ferait défaut sur sa dette étudiante faute d'atteindre la rémunération plancher qui déclenche les remboursements.
L' idée qu'il y ait eu au cours de la période que Todd évoque un déclassement des enseignants (une fraction non négligeable des diplômés) est maintenant communément admise.
Or ces deux idées ne s'emboitent pas si bien que ça avec l'hypothèse de Todd. Disons qu'il y a du travail pour le faire.

Sous réserve d'enquêtes sociologiques factuellement plus riches, l'hypothèse plus classique que la hiérarchie éducative se superpose à la hiérarchie économique en s'y subordonnant comme facteur de la structuration des inegalites sociales ne me parait pas moins réaliste.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#785 Message par Goldorak2 » 19 févr. 2020, 09:59

ProfGrincheux a écrit :
19 févr. 2020, 09:14
L'idée que les études supérieures ne sont pas forcément rentables me semble de plus en plus prégnante.
Bien que les études se soient dévalorisées, les non études se sont encore plus dévalorisées. C'est la baisse du niveau de vie en occident qui affecte les diplômés mais encore plus les non diplômés.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#786 Message par pangloss » 19 févr. 2020, 10:17

Sur les écrans (TV, Ordis, Smartphones...) et les conséquences de leur utilisation sur le QI et les parcours scolaire et académique (des chiffres, des stats, des expériences). Fondamental.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#787 Message par ProfGrincheux » 19 févr. 2020, 10:20

Goldorak2 a écrit :
19 févr. 2020, 09:59
ProfGrincheux a écrit :
19 févr. 2020, 09:14
L'idée que les études supérieures ne sont pas forcément rentables me semble de plus en plus prégnante.
Bien que les études se soient dévalorisées, les non études se sont encore plus dévalorisées. C'est la baisse du niveau de vie en occident qui affecte les diplômés mais encore plus les non diplômés.
Ok. Mais ce sont des phénomènes économiques. Pas éducatifs.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#788 Message par Goldorak2 » 19 févr. 2020, 10:28

ProfGrincheux a écrit :
19 févr. 2020, 10:20
Goldorak2 a écrit :
19 févr. 2020, 09:59
ProfGrincheux a écrit :
19 févr. 2020, 09:14
L'idée que les études supérieures ne sont pas forcément rentables me semble de plus en plus prégnante.
Bien que les études se soient dévalorisées, les non études se sont encore plus dévalorisées. C'est la baisse du niveau de vie en occident qui affecte les diplômés mais encore plus les non diplômés.
Ok. Mais ce sont des phénomènes économiques. Pas éducatifs.
quand tu écris " les études supérieures ne sont pas forcément rentables ' tu penses à une rentabilité éducative et non économique ?
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#789 Message par pangloss » 19 févr. 2020, 10:29

Marie 94 a écrit :
18 févr. 2020, 22:01
@Pangloss: merci d'avoir partagé des extraits du dernier livre de Todd. Je l'avais feuilleté rapidement dans une librairie mais j'hésitais à l'acheter comme je venais de finir l'archipel français de Jérôme Fourquet qui est très bien et qui traitait des mêmes sujets.
Comparé au bouquin de Fourquet, que vaut celui de Todd ? Tu le recommandes ?
Je recommande Todd absolument. Le Fourquet est excellent sur les tendances sociétales, mais distribue de l'eau tiède sur l'interprétation. Todd, notre nouveau retraité délivré de tout "devoir de réserve", livre des interprétations passionnantes, provocantes, fruits de l'expérience d'une vie universitaire hors du commun.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#790 Message par ProfGrincheux » 19 févr. 2020, 10:35

Goldorak2 a écrit :
19 févr. 2020, 10:28
ProfGrincheux a écrit :
19 févr. 2020, 10:20
Goldorak2 a écrit :
19 févr. 2020, 09:59
ProfGrincheux a écrit :
19 févr. 2020, 09:14
L'idée que les études supérieures ne sont pas forcément rentables me semble de plus en plus prégnante.
Bien que les études se soient dévalorisées, les non études se sont encore plus dévalorisées. C'est la baisse du niveau de vie en occident qui affecte les diplômés mais encore plus les non diplômés.
Ok. Mais ce sont des phénomènes économiques. Pas éducatifs.
quand tu écris " les études supérieures ne sont pas forcément rentables ' tu penses à une rentabilité éducative et non économique ?
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#791 Message par kamoulox » 19 févr. 2020, 10:54

Autant je peux comprendre que selon le cursus ce n’est pas toujours rentable économiquement à court terme du moins, mais socialement j’ai du mal à comprendre pourquoi ce n’est pas rentable. Lors des études tu te fais logiquement un réseau ne serait ce que par tes profs, stages, ou connaissances lors du cursus ?

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#792 Message par pangloss » 19 févr. 2020, 11:14

kamoulox a écrit :
19 févr. 2020, 10:54
Autant je peux comprendre que selon le cursus ce n’est pas toujours rentable économiquement à court terme du moins, mais socialement j’ai du mal à comprendre pourquoi ce n’est pas rentable. Lors des études tu te fais logiquement un réseau ne serait ce que par tes profs, stages, ou connaissances lors du cursus ?
Et tu as bien raison. Nous "crevons" d'"utilitarisme économique"...
Emmanuel Todd, Les luttes des classes en France au XXIe siècle,

...
Pourquoi l'éducation est-elle de l'ordre du subconscient ? Parce que chacun sait qu'elle joue un rõle crucial. qu'après les études vient le métier et que ce métier est très largement déterminé par le type d'études que l'on a fait. Il n'est que de songer aux parents qui vivent désormais dans l'angoisse que leurs enfants échouent dans cette étape décisive de leur existence. Même l'OCDE a fini par admettre l'importance de l'éducation, classant systématiquement les nations par niveau éducatif moyen, en parallèle avec le PIB par tête.

Pour autant, je parle d'une strate "subconsciente", parce que l'éducation est aujourd'hui mal située dans les modèles qui s'efforcent de saisir les motivations de l'histoire humaine : on refuse de voir, en général, qu'il s'agit d'une variable autonome, qu'elle se développe - où ne développe pas- en elle-même, indépendamment (pour
une large part) de l'économie. Ainsi, l'OCDE s imagine encore que l'élément moteur pour l'essor de l'éducation, c'est l'investissement financier, ce qui n'est pas le cas : dans la séquence causale du progrès humain, le développement éducatif précède le développement économique et non l'inverse. Des interactions sont tout à fait envisageables. Comme nous allons le voir, une crise économique peut favoriser une régression éducative. Mais, dans l'ensemble, il faut bien comprendre que le développement de l'éducation constitue l'axe central de l'histoire. Il faut certes un investissement minimal pour éduquer, en argent ou en temps d'activité enseignante, mais on constate empiriquement que les sociétés qui réussissent le mieux sur le plan éducatif - actuellement les sociétés du nord de l'Europe, le Japon ou la Corée du Sud - ne sont pas celles qui y consacrent la proportion la plus grande de leur PIB. Nous pouvons trouver des causes non économiques à ces différences d'efficacité : des restes d'intériorité protestante ou de discipline familiale - mais nous atteignons ici les couches inconscientes de la vie sociale. Oublions un instant ces différences et la compétition entre nations : partout sur la planète, on a voulu apprendre à lire et écrire, puis développer une éducation secondaire et supérieure, avec des succès divers, mais toujours en vertu d'une tendance humaine à "avancer" qui n'est pas déterminée, fondamentalement par l'économie. Cette tendance, on va le voir, n'est pas toujours victorieuse.

Nous vivons, avec la domination idéologique des économistes ou des gens qui croient en la primauté de l'économie - mettons, de Jean-Claude Trichet à Paul Krugman-, le triomphe d'une sorte de marxisme vulgaire, celui qui était censé avoir, avec Marx, remis Hegel sur ses pieds, remplacé l'idéalisme historique par le matérialisme historique. Je me contente ici de revenir à la conception qui dominait, bien avant Hegel, chez tous les penseurs du XVIIIe siècle, mieux, chez tous les gens raisonnables qui, à l'instar de Condorcet dans son Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain, estimaient que l'apprentissage de la lecture et de l'écriture constituait le fondement de la marche en avant de l'humanité...
.
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#793 Message par pangloss » 19 févr. 2020, 11:27

pangloss en 2012 a écrit : Image
Neil Postman a écrit :« Obnubilés que nous étions par la sombre vision d’Orwell dans 1984, nous avions oublié une autre prophétie, un peu moins connue mais tout aussi inquiétante : celle d’Aldous Huxley dans Le meilleur des mondes. Car, contrairement à une opinion très répandue, les prophéties de Huxley et d’Orwell sont très différentes l’une de l’autre. (…)
Orwell craignait ceux qui interdiraient les livres, Huxley redoutait qu’il n’y ait même plus besoin d’interdire les livres car personne n’aurait plus envie d’en lire. Orwell craignait ceux qui nous priveraient d’informations, Huxley redoutait qu’on nous en abreuve au point que nous en soyons réduits à la passivité et à l’égoïsme. Orwell craignait qu’on nous cache la vérité, Huxley redoutait que la vérité ne soit noyée dans un océan d’insignifiances. Orwell craignait que notre culture ne soit prisonnière. Huxley redoutait que notre culture ne devienne triviale, seulement préoccupée de fadaises. (…)
Dans 1984, expliquait Huxley, le contrôle sur les gens s’exerce en leur infligeant des punitions. Dans Le meilleur des mondes, il s’exerce en leur infligeant du plaisir. En bref, Orwell craignait que ce que nous haïssons ne nous détruise. Huxley redoutait que cette destruction ne nous vienne plutôt de ce que nous aimons.
Le thème de cet ouvrage repose sur l’idée que Huxley avait vu plus juste qu’Orwell. »
Le média, c’est le message. Marshall Mac Luhan l’avait dit. Neil Postman le pense aussi et le démontre dans un ouvrage publié pour la première fois en 1985 aux Etats-Unis, traduit en français en 1986, épuisé, et traduit de nouveau un quart de siècle plus tard.
La démonstration de POSTMAN est simple. La communication écrite, imprimée, est la seule à permettre une transmission de l’information qui permette la réflexion. La lecture exige distance par rapport au texte, concentration, effacement des sentiments, compréhension globale. La communication parlée, la communication par l’image ne peuvent s’abstraire des impressions, de sentiments.
Absolument passionnant: ceux qui s'intéressent aux évolution longues seront littéralement scotchés par la description de la position de l'écrit aux Etats-Unis aux XVII, XVIII et XIXèmes siècles. On comprend mieux pourquoi la révolution anglaise et l'américaine précèdent la française, et comment les Etats-Unis sont devenus dès la fin du XiXème siècle le pays phare. Des liens intéressants peuvent aussi être établis avec certaines parties d'Après l'Empire d'Emmanuel Todd (sur le "plafonnement culturel").
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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#794 Message par Manfred » 19 févr. 2020, 11:28

kamoulox a écrit :
19 févr. 2020, 10:54
Autant je peux comprendre que selon le cursus ce n’est pas toujours rentable économiquement à court terme du moins, mais socialement j’ai du mal à comprendre pourquoi ce n’est pas rentable. Lors des études tu te fais logiquement un réseau ne serait ce que par tes profs, stages, ou connaissances lors du cursus ?
ça dépend des études, et ça dépend surtout du milieu social des camarades.
si tu vas dans une fac quelconque passer un master bidule, ton réseau est proche de zéro.
si tu vas dans une école de commerce ou assimilée à 20K€ l'année, ton réseau ça sera tes camarades de classe qui héritent du réseau de leurs parents.
Je regardais récemment le wiki d'une journaleuse à particule :
on t'explique qu'elle a fait des études de journaliste et qu'elle a fait ses stages à ouest France, au service étranger du Figaro, chez LCI... Si il y a un jour un bébé-kamoulox qui veut faire journaliste, est-ce qu'il sera pris dans ces rédactions à 20 ans pour ses stages ? Rien n'est impossible, mais c'est AMHA improbable, il ira plutôt faire son stage pour un site web putaclic.

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#795 Message par WolfgangK » 19 févr. 2020, 11:40

ProfGrincheux a écrit :
19 févr. 2020, 10:35
Goldorak2 a écrit :
19 févr. 2020, 10:28
ProfGrincheux a écrit :
19 févr. 2020, 10:20
Goldorak2 a écrit :
19 févr. 2020, 09:59
Bien que les études se soient dévalorisées, les non études se sont encore plus dévalorisées. C'est la baisse du niveau de vie en occident qui affecte les diplômés mais encore plus les non diplômés.
Ok. Mais ce sont des phénomènes économiques. Pas éducatifs.
quand tu écris " les études supérieures ne sont pas forcément rentables ' tu penses à une rentabilité éducative et non économique ?
Rentables au sens économique et au sens social.
Je pense qu'il faut, comme Bryan Caplan (avec qui je suis d'accord sur très peu de choses par ailleurs) distinguer 2 chaises dans "les études" :
- l'acquisition de compétences/connaissances : ce que les économistes appellent développement du capital humain
- la sélection/ certification, qui signale (des compétences ? un potentiel ?) sur le marché du travail

Il y a à mon avis un décalage de plus en plus grand car tout le monde veut (se sent obligé) d'avoir des diplômes, mais peu de gens veulent vraiment étudier. Il suffit de voir les hurlements d'horreur lorsqu'il parle de "sélection" à la fac, et de joie lorsque celles-ci sont bloquées / en grève…
Aussi, on pourrait demander aux futurs ingénieurs s'ils préféreraient pouvoir avoir le diplôme Polytechnique sans pouvoir suivre les cours ou pouvoir suivre les cours sans avoir le diplôme…
L'islamophobie n'est pas plus du racisme que l'antisionisme n'est de l'antisémitisme.
Que les racistes soient islamophobes n'implique pas que les islamophobes soient racistes.

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#796 Message par kamoulox » 19 févr. 2020, 11:43

Ok je comprends le raisonnement.

Le réseau est important mais on peut aussi partir de zéro.
Par exemple même si je connais pas mal de potes ingé etc et des connaissances mon réseau valable est assez proche du néant n’ayant pas de diplômes du supérieur je ne peux pas être pistonné par exemple.

Ma femme elle viens de l’étranger, d’une fac de province mais elle a réussi à se créer un réseau de part son parcours et ses capacités de contact humain. Mais il fut extrêmement compliqué de rentrer à paris venant de province. Racisme provincial n’ayant pas l’étiquette d’un cursus hec par ex?

Le plus dur c’est de rentrer, une fois à l’intérieur et qu’on fait ses preuves j’ai l’impression que c’est tapis rouge une fois reconnu par ses pairs

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#797 Message par Manfred » 19 févr. 2020, 11:48

kamoulox a écrit :
19 févr. 2020, 11:43
Le plus dur c’est de rentrer, une fois à l’intérieur et qu’on fait ses preuves j’ai l’impression que c’est tapis rouge
J'adore cette phrase :mrgreen:
Mais sinon oui, une fois que tu es accepté dans le sérail, tu n'en sors plus, sauf maladresse.

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#798 Message par kamoulox » 19 févr. 2020, 11:49

Manfred a écrit :
19 févr. 2020, 11:48
kamoulox a écrit :
19 févr. 2020, 11:43
Le plus dur c’est de rentrer, une fois à l’intérieur et qu’on fait ses preuves j’ai l’impression que c’est tapis rouge
J'adore cette phrase :mrgreen:
Mais sinon oui, une fois que tu es accepté dans le sérail, tu n'en sors plus, sauf maladresse.
Oui c’est valable aussi avec les femmes (si c’était ton sous entendu même pas fait exprès d’ailleurs, ça m’arrive d’être sérieux!)

Et c’est là que mon niveau d’études fait que j’arrive à un plafond de verre. Car je ne peux grimper plus haut conventionnellement. Alors qu’un bac +5 ou plus, pourra saisir des opportunités de part ses compétences (si compétences il y a évidemment)

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#799 Message par Manfred » 19 févr. 2020, 12:00

kamoulox a écrit :
19 févr. 2020, 11:49
Manfred a écrit :
19 févr. 2020, 11:48
kamoulox a écrit :
19 févr. 2020, 11:43
Le plus dur c’est de rentrer, une fois à l’intérieur et qu’on fait ses preuves j’ai l’impression que c’est tapis rouge
J'adore cette phrase :mrgreen:
Mais sinon oui, une fois que tu es accepté dans le sérail, tu n'en sors plus, sauf maladresse.
Oui c’est valable aussi avec les femmes (si c’était ton sous entendu même pas fait exprès d’ailleurs, ça m’arrive d’être sérieux!)

Et c’est là que mon niveau d’études fait que j’arrive à un plafond de verre. Car je ne peux grimper plus haut conventionnellement. Alors qu’un bac +5 ou plus, pourra saisir des opportunités de part ses compétences (si compétences il y a évidemment)
Dans le monde du salariat, effectivement le diplôme (et son absence) devient vite un obstacle à la promotion. Il faut aligner un sacré CV pro pour pouvoir prétendre à quelque chose. Ma solution (j'avais un diplôme cela dit, mais qui ne me permettait pas de satisfaire mes ambitions pro), ça a été de monter ma boite. La personne ne te demande de diplômes. Aujourd'hui, si je devais chercher un boulot dans mon domaine, mon CV serait probablement bien plus remarqué que si j'étais resté salarié.

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Re: Quelqu'un a des nouvelles de l'Éducation Nationale ?

#800 Message par clairette2 » 19 févr. 2020, 12:13

La question du diplôme c'est très français je crois. Il y a des pays où ton expérience compte plus que le diplôme.
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