Pas sûr que l'état puisse tout tenir à bout de bras.
Pas sûr non plus que ce soit souhaitable...
le Canard Enchaîné du 26 août 2020 a écrit :Les commerces en réanimation, l'immobilier parisien craint la contamination
L'épidémie de fermetures de boutiques et de bureaux flambe dans la capitale.
Les rues de Paris vont-elles bientot ressembler aux nombreuses autres villes de province qui, depuis des années, alignent des panneaux - à louer et à vendre sur des kilomètres de boutique fermées ? Les 62000 commerçants de la capitale redoutaient deja une bérézina durant l'intériminable crise des gilets jaunes, Avec le Covid-19, c'est l'hécatombe qui menace. Au point de mettre en péril des finances municipales déjà mal en point )
En juin, le phénomène touchait surtout les rues les moins cotées. Il s'est, depuis, étendu aux grandes artères parisiennes les plus courues, telles Ia rue de Rivoli et l'avenue Victor Hugo ou de l'Opéra, la rue Saint Honoré, où l'an passé encore, les enseignes de luxe s'arrachaient le moindre mètre carré disponible, collectionne désormais les rideaux de fer baissés et les pancartes à vendre. Même les immeubles d'angle, traditionnellement très recherchés, ont du mal à trouver preneur.
Carnage au Nouvel An
Les quartiers touristiques s'avèrent les plus malmenés. Malgré le déconfinement, les magasins de souvenirs enregistrent une dégringolade leur chiffre d'affaire de près de 100%. C'est à peine mieux pour les enseignes de fringues, dont la chute des ventes avoisine 60, voire 70%. Seules surnagent certaines boutiques de produits alimentaires bio, de préférence et les troquets ou restos bien situés dans Les quartiers bobos.
En l'espace de quelques semaines, les délais de commercialisation ont doublé : il faut compter désormais près de huit mois pour trouver le locataire d'une boutique gémit un agent immobilier. Les prix suivent le mouvement, avec une baisse de 15 à 20% inédite à Paris. Ce n'est sans doute que le début. Le moment de vérité, ce sera la fin de l'année. Si le commerce n'a pas redémarré d'ici là, cela va tourner au carnage, prédit le patron d'une importante société immobilière.
Le marché des bureaux connaît la même floraison d'affiches A louer et un pareil effondrement des tarifs. L'heure étant au télétravail à Paris comme en banlieue et dans toutes les métropoles, les besoins des entreprises ont fondu comme neige au soleil. Avec, à la clé, un effet pervers: la diminution des effectifs présents dans les locaux aggrave les difficultés des boutiques aux alentours.
Bétonneurs prévoyants
La tourmente n'épargne pas non plus les centre commerciaux, où les dépôts de bilan se multiplient dans les galeries marchandes. Depuis le début de l'année, les grands groupes, propriétaires des locaux, ont vu le cours de leurs actions dégringoler en bourse. Celui de Klépierre (gare Saint Lazare, Créteil Soleil…) a perdu 60 % de sa valeur. Le score atteint 70 % chez Unibail, le promoteur favori de la Ville de Paris, qui gère-entre autres -le forum des Halles et les Quatre Temps, à la Défense, deux complexes commerciaux desservis par le RER et aujourd'hui boudés par les usagers. Les patrons d'Unibail, qui ne perdent pas le nord, ont déjà gratté à la porte d'Anne Hidalgo pour tenter d'obtenir quelques nouvelles gâteries financières
Coté logement, de nombreux experts s'attendent à voir le marché ravagé, lui aussi, par l'incendie sanitaire - Le Canard - 1/7). Les promoteurs ont pris les devants. Avec Ia bénédiction du gouvernement, ils viennent de fourguer à prix cassé la plus grande partie de leurs stock d'immeubles en projet ou en construction à CDC Habitat (filiale de la très étatique Caisse des Dépôts) et à d'autres sociétés de HLM. La méthode avait déjà été expérimentée lors de la crise financière de 2008. Elle a cette fois, été appliquée à très grande échelle, avec 40 000 appartements rachetés par le seul CDC Habitat. Nexity s'est ainsi délesté de 7 450 lots, pour 1,3 milliard d'euros-soit à peine 175 000 euros par logement. La Cogedim a également conclu d'excellentes affaires avec CDC Habitat et d'autres bailleurs sociaux, en cédant 8 000 unités, pour plus de 2 milliards d'euros. Ces contrats lui ont permis, malgré le Covid d'afficher un résultat net semestriel en hausse de 7,2%.
Les commerçants aimeraient dire autant...
Hervé Liffran
«C'est quand un moustique se pose sur vos testicules qu'on réalise que la violence ne résout rien."
Socrate