Sifar, je vais te respecter aussi complètement qu'il m'est possible de le faire en t'expliquant en détail comment je vois les choses.
Sans t'imposer quelque vérité mais en remontant aux premiers principes. Que tu pourras contester si tu veux, tant que tu veux. Mais au moins tu sauras ce qu'a mes yeux tu contestes.
Je pense que personne dans ma position ne peut savoir avec certitude s'il y a eu fraude ou non sans avoir un accès de première main aux sources. Pour cela, il faut aller dans les centres électoraux, regarder comment les opérations se déroulent, etc....
Les sources primaires d'information seront les fonctionnaires de l'intérieur des états et les observateurs politiques des élections (militants des partis, citoyens observant le dépouillement, etc...). Certains peuvent avoir intérêt à mentir et à chercher à forger des preuves et je pense que ce seront les militants (ou dirigeants) des partis concernés.
Très clairement, je n'ai qu'une information de troisième ou quatrième main, très indirecte et éloignée des sources primaires. Je ne vois pas comment faire autrement. Donc en effet je peux tout au plus affecter une probabilité à "il y a eu fraude". Notons la probabilité en question epsilon.
Je ne vois pas non plus comment tu peux n'avoir aucun doute. Tu n'as pas non plus à priori d'accès aux sources primaires d'information. Donc au mieux tu peux affecter 1 - epsilon.
Tout dépend du degré de confiance que tu accordes aux sources que tu consultes, ce qui dépend de tes expériences, de tes idées, de tes a priori, etc.... En fonction de ces données qui sont propres à ma subjectivité, je pense que epsilon tend vers 0

. Personne n'est autonome par rapport à sa subjectivité.
La vérité n'est pas de même nature en politique qu'en maths. C'est une très vieille constatation. Un énoncé politique est vrai ou faux de la même façon que le chat de Schrödinger est vivant ou mort. Cependant, quand on ouvre la boite, on observe que le chat est vivant ou qu'il est mort.
La vérité officielle en politique, celle à laquelle la doctrine conservatrice du republicanisme classique impose de se référer, est celle que produit un système judiciaire, ici le système judiciaire US, qui joue le rôle de tiers de confiance, celui qui ouvre la boite.
Pourtant les juges n'ont que des informations de seconde main, mais ils sont les seuls en position d'infliger des graves dommages aux sources primaires faisant un faux témoignage.
Le fait est que les cours et notamment la Cour Suprême des USA ont refusé de prendre en considération les allégations de fraude.
Or, aux USA, les magistrats peuvent être très conservateurs et donc a priori favorables aux républicains. Les supposer tous "progressistes" et favorables aux démocrates est une énorme erreur. Ils n'ont aucun intérêt à couvrir des fraudes democrates, leur mission est la stabilité de l'ordre politique constitutionnel. Et s'il y a des criminels (la fraude électorale est un crime), les faire coffrer.
Je pense vraiment que la Cour Suprême (dominée à 6-3 par des juges très conservateurs) n'aurait eu aucun problème à sanctionner durement un État qui aurait publié des résultats qu'elle aurait jugés frauduleux.
Autre chose, aucun responsable politique républicain se trouvant dans une position de responsabilité n'a voulu faire les actes illégaux que Trump lui suggérait d'accomplir. Par peur des conséquences judiciaires.
Le trumpisme nie donc implicitement la position de tiers de confiance de l'institution judiciaire, y compris la Cour Suprême. Pas seulement celle des medias, des universitaires ou des politiciens.
Pour être plus exact, je pense qu'il la voit comme un instrument de puissance qu'on peut manipuler et que tous les coups sont permis pour ce faire (et tant pis pour les dommages collatéraux en cas d'échec des manoeuvres d'intimidation). C'est une position d'un cynisme effréné extrêmement courante aux USA mais c'est l'exact opposé de la position républicaine classique (qui a fini par s'exprimer après 4 ans de silence de plus en plus géné et honteux). Je n'ai aucune confiance en ça. Trump à eu pour avocat le fameux Roy Cohn qui était l'incarnation même de ce que je decris. En une telle source je ne peux avoir confiance.
L'attitude trumpiste recouvre aussi une complaisance à l'égard de la violence illégale à condition qu'elle vienne du bon côté. Les politiciens qui jouent ce jeu espèrent généralement tirer les marrons du feu. Mais encore faut il pouvoir contrôler le feu et savoir l'éteindre. Et puis même s'ils arrivent ponctuellement et provisoirement à leur fins ainsi, le cout global est trop élevé (c'est ici implicitement une critique de feu le parti socialiste).
C'est ça qui m'inquiète dans le trumpisme -ou le giletjaunisme. Pour moi il s'agit d'une position qui déstabilise profondément la société en exacerbent ses tensions internes et en l'invitant à longer le gouffre de l'anomie armée.
C'est peut être une réponse aux forces tout autant dissolvantes qui sont à l'oeuvre à gauche et négligent l'évidence que ceux qui ont le plus intérêt à ce que la police soit définancée sont les criminels qui pourrissent la vie des plus modestes des citoyens. Mais ce n'est pas une réponse qui me semble pertinente puisqu'elle ne peut s'imposer définitivement sans risquer ce déferlement de violence qu'on appelle guerre civile ou révolution .
Je crois profondément que la révolution n'est pas autre chose qu'un processus violent de changement des classes dirigeantes et que ce processus fait émerger d'abord des dirigeants pires que les anciens (parce qu'utiliser la violence illégale comme mode de régulation favorise les personnes s'étant spécialisées dans la violence illégale) et parfois même des gangsters comme ce fut le cas de celle de 1917. Il n'y a en réalité aucune garantie que les lendemains chantent autre chose que des lamentations.
Une autre façon de le dire est que ce sont les critères mêmes qui me font rejeter le gauchisme qui me font rejeter le trumpisme et considérer les sources primaires ou secondaires trumpistes comme totalement indignes de confiance.
Ignorés: Manfred, titano.