RFK1 a écrit : ↑19 févr. 2021, 00:12
saturne a écrit : ↑18 févr. 2021, 21:13
-- Quels seraient les mécanismes citoyens de contrôle possibles de l’émission de monnaie au sein de l'État monétaire ?
Car c'est sans précédent, à ma connaissance. Je ne vois pas pourquoi la blockchain y changerait qlq chose.
-- Reste l'idée d'un contrôle algorithmique, permettant de rendre objectif (neutre) un tel contrôle
Mais cela revient-il à empiéter sur le contrat politique ?
Et quoi qu'il en soit, comment peux-tu conceptualiser cela ? Toi ou des sources/auteurs sur lesquels tu t'appuies
Les outils existent déjà, c'est ce que l'on appelle les techniques de consensus sur un registre distribué : concrètement comment se mettre d'accord collectivement sans passer par une autorité centrale qui biaise le résultat ou s'arroge un pouvoir abusif (théorie de l'agence) ?
Théorie de l'agence -- Bien vu.
Soit.
Mais que fais-tu du
principe du principal-agent, auquel (sans le savoir) je fais allusion dans ma dernière question ?
Ce que tu décris avec les modes de consensus (preuve de travail, preuve d'enjeu) est un mode de certification.
Voir l'exemple associé au
problème de signal Exemple 3, Akerloff avec l'ex, des voitures d'occasion, qui est très clair.
Que se passe-t-il quand le certificateur du marché de voitures d'occasion est lui-aussi un agent, par exemple un revendeur commercial (ex. du concessionnaire qui après avoir échangé une voiture neuve va revendre l'ancienne) et non plus le "principal" (=l'acheteur de la voiture d'occase, l'utilisateur d'un marché qui présume celui-ci transparent) ?
Réponse: on voit arriver un revendeur avec la vieille bagnole... et une bouteille pour le gars du CT, Pour modifier le signal.
Et pour centrer plus concrètement la raison pour laquelle l'État monétaire est d'abord l'État, et pas seulement la monnaie (celle-ci ne peut être indépendante de l'État), on peut constater que les agents de consensus sont surtout concentrés en Russie et en Chine.
-- Quand donc on dit que les USA ne vont pas renoncer à l'USD au profit de la blockchain, on ne fait pas référence au mécanismes possibles consensus, mais au risque certain (mais non déterminé) de voir "fausser" le signal ou carrément de voir un tiers (politique) vouloir "contrôler le signal". (Du genre: la Chine qui augmente ses taxes ou coûts d'energie de 400% sur les agents de consensus, et provoque un renchérissement artificiel des transactions et entraîne un blocage du marché.)
Le contrôle de la monnaie par l'État politique n'est pas une anomalie fonctionnelle, mais répond à une primauté du politique (du Contrat social, sur la convention monétaire ou fiduciaire).
Contester que le Contrat Social puisse primer sur le marché, c'est la conséquence normale à laquelle mène l'idée que tous les agents répondent au libre marché, sans tenir compte du fait que le libre marché est l'idée que chacun de ces agents-là se fait de ses propres intérêts. Il suffit alors que les intérêts de deux agents libres ne répondant plus au même principal (acheteur d'occases) puissent créer un nouveau sous-marché.
Par exemple, le revendeur qui veut certifier une caisse pourrie rajoute un pot de vin, et du coup le certificateur "filtre" ses clients, pour ne garder que les revendeurs commerciaux et non plus les acheteurs d'occases. Au résultat, les revendeurs sont guidés par l'intérêt de vendre une voiture neuve, tandis que l'autre certifie de préférence le revendeur (qui vend des voitures neuves d'abord) plutôt que le vendeur particulier. Or dans l'exemple, le "principal" du marché est bien l'acheteur de voiture d'occasion et le problème, c'est qu'il croit en un marché transparent, alors que dans ce marché, aucun des agents ne répond en fait à la demande (=acheter une voiture d'occase) !
L'exemple est un peu limite, mais la monnaie fiduciaire, sous contrôle politique (même l'"indépendance" est politique) c'est précisément le premier instrument de la création d'un marché transparent (l'émetteur étant censé servir l'intérêt public, ce qui le différencie des intérêts privés des agents).
L'État (monétaire), est un Contrat politique, euphémisme pour parler de "l'indépendance de la BCE" (et whatever it takes)
J'observe finalement que tu sembles exposer ta thèse en prenant en compte uniquement l'intérêt des agents (ceux qui gèrent le consensus) et pas celui qui joue le rôle de "principal",
Mais l'intérêt de celui qui joue le rôle de principal (ici, l'acheteur de v. d'occasion), quelle assurance a-t-il que l'information n'est pas assymétrique comme dans l'exemple, que le signal, donc que le consensus n'et pas faussé ?
Je ne crois pas que ta réponse soit satisfaisante. Je t'expose une autre interprétation à ce que tu dis;
Le BitCoin est quelque part une idée spéculative soutenue par le seul intérêt des agents du consensus (augmenter le prix des transactions), donc des agents privés, mais où l'intérêt du consommateur (qui est la fonction d'échange) est voué à disparaître. Le bitcoin est l'idéal de marché spéculatif: il n'y a aucun collatéral ! Même pas des bulbes de tulipes (qui étaient déjà chers) ou comme aujourd'hui des immeubles !
Et comme pour les immeubles, le destin du bitCoin est tout tracé: la hausse perpétuelle jusqu'au non-marché (blocage de la fonction d'échange de la monnaie) et à terme, l'intervention fiscale (pour rembourser la dette alimentée par la bulle, dans le cas des immeubles, ou confiscation pure et simple des agents, comme on l'a vu avec le système bancaire de Chypre en 2009, ou en Grèce, on le verra sans doute avec le bitCoin en Chine)
Je me retrouve donc près de la position de ProfGrincheux, qui ne te parle pas de blockchain, mais de Contrat politique.
Et je crois que tu n'as pas résolu cette question (enfin, ce n'est pas la blockchain qui peut y répondre).
Toutes les politiques publiques actuelles sont enfermées dans un cadre monétaire qui est bel et bien une pyramide de crédit, pour faire un clin d'oeil à AlexLyon, dont j'apprécie les contributions.
Il y a une seconde observation que je me fais
On est bien d'accord, quand on parle de Crédit, qu'on fait référence à de "la monnaie contractuelle", créée non pas tant par les banques, mais par l'activité commerciale (Effets de commerce) ?
La monnaie fiduciaire est une part vraiment mineure de cet argent.
Le système monétaire ne repose pas sur la frappe de monnaie, mais sur la régulation de celle-ci (taux dintérêt, taux de change, taux d'intervention...). C'est bien pourquoi on a cessé d'utiliser des monnaies métalliques. La contrevaleur en or ou argent n'avait plus aucun sens dans un système fiduciaire où c'est le politique qui définit la valeur de la monnaie ("indépendance" et whatever it takes).
Donc, si on compare, il faut comparer deux conventions: la "convention fiduciaire" et la "convention de marché sur le prix ou sur le nombre d'unités de compte" ou sur toute autre forme.
Mais on compare bien deux conventions ? Si on est d'accord, le bitCoin fait bien alors un choix idéologique ? Et son choix, c'est celui de la "convention de marché", dont les exemples plus haut montrent assez que c'est une gageure. Un piège à cons !
Je ne comprends pas comment le bitCoin, décentralisé, peut occuper un rôle régulateur équivalent à la monnaie fiduciaire c'est à dire sous contrôle politique (celui de l"indépendance" des BCentrales).
Pour moi le bitCoin opère sur un idéal spéculatif: celui de fixer les prix sur des transactions, essentiellement les transactions entre monnaie fiduciaire et cryptomonnaie, mais en oubliant complètement les biens produits (par un travail) qui en sont le collatéral (et qui sont tout le "crédit" qu'on donne à la monnaie fiduciaire, justement= notre salaire est payé dans cette monnaie là !).
Il y la possibilité de transactions centrées sur des "contrats" (mais je n'ai pas bcp lu là dessus, merci de nous éclairer). Là oui on peut avoir un progrès par rapport au marché d'effets commerciaux. Mais dans ce cas, on rentre à nouveau dans le système de Crédit (monnaie scripturale). Autant dire que le marché monétaire ne va pas sûrement pas être transformé par la fonction "notariale" de la blockchain
Alors en quoi le marché monétaire du bitCoin est-il différent d'un Forex (le marché échange de monnaies), et en quoi serait-il un substitut de la monnaie fiducaire, si celle-ci est la seule vérité du "prix" du BitCoin, dont la valeur (le collatéral) est nulle ?
(désolé pour le pavé, mais les questions restent simples, je crois)