ProfGrincheux a écrit : ↑21 mars 2021, 06:58
Tu sais, Ystava, que tu as affaire à des êtres humains. Qui sont donc infiniment faillibles. Surtout que les retraités dont tu veux que subitement ils s’intéressent aux marchés financiers ou à l’économie réelle sont vieux et donc atteints par la dégénérescence sénile.
Le fin mot de l’histoire est que les français n’ont pas eu confiance en l’industrie de la gestion d’actifs. Et il y a d’excellentes raisons pour ça. Tu sais sans doute que les niveaux de frais pratiqués par les intermédiaires français sont extrêmement élevés ce qui érode de 2% tes 7%. Mais il n’y a pas que ça. Tes 7% de rendement annualisé des marchés actions sur le long terme c’est pour le Sp500 pas pour le Cac40 dividendes réinvestis (ni pour les actions européennes) et que les émergents sont ultra risqués: les emprunts russes c’était les obligations high-yield des émergents de la Belle Époque. Il n’y a aucune façon d’être certain que ce rendement ne puisse baisser à 3% par exemple.
Au fait, les premiers régimes de retraite ouvrière créés en France étaient des régimes par capitalisation. Ca s’est terminé assez mal, ils servaient des pensions pitoyables et ne s’équilibraient que par l’effet d’une espérance de vie à la retraite inférieure à 5 ans . Vichy avait commencé à réfléchir à passer à la répartition mais c’est après la guerre qu’on est passé aux choses sérieuses.
Il est absolument indispensable de conserver une retraite de base par répartition (le problème est que si les pensions sont capées, il va être compliqué de justifier des cotisations proportionnelles, il va donc falloir les caper aussi et tu ne peux plus financer le système actuel.). Même aux USA, 60% des retraités n’ont que la retraite par répartition plutôt minimale de la Social Security. Ce sont tout au plus les retraites complémentaires qui peuvent passer par capitalisation. Dans la réforme proposée par l’actuel gouvernement, ce sont uniquement les surcomplémentaires qui étaient par capitalisation.
Merci pour cette perspective historique Prof, c'est certainement intéressant
Si le mode de retraites par capitalisation fut délaissé du fait de mauvaises performances, il y a longtemps de ça, il convient de le reconsidérer avec un oeil neuf.
Car dans l'hypothèse où ce système aurait été mal conçu par nos gouvernants (ce qui est très probable), forcément, il ne pouvait pas être pérenne. Et depuis le temps, de nouvelles approches qui limiteraient les défauts inhérents à ce système ont peut-être été mises au point.
Que les Français se méfient de la gestion d'actifs je l'entends, mais ce ne devrait pas être une raison pour éviter de leur faire des propositions sérieuses en matière de capitalisation.
Les facteurs suivants plaident pour cela :
- Les Français (actifs) semblent totalement avoir perdu confiance dans le système de répartition actuel ;
- Les Français (actifs et retraités) ont montré qu'ils pouvaient s'intéresser à la bourse (cf. vague d'ouvertures de PEA en 2020) ;
- Sur le front de la capitalisation, il y a eu de l'innovation (naissance des fonds indiciels dans les années 70) ;
- L'Etat s'est maintes fois montré incompétent en matière d'investissement (cf. les paris fumeux faits par la BPI).
Et je termine en mentionnant une autre chose problématique dans le système actuel, qui me semble intrinsèquement liée au mode de retraite par répartition, c'est que bien qu'il soit possible de moduler ses cotisations à la hausse (rachats de trimestres, complémentaires), il est
impossible de les moduler à la baisse.
Je ne veux pas payer pour ce système inique, pourtant je suis forcé de le faire (et doublement en plus - vive le RAFP
), et de surcroît, je ne peux même pas limiter les sommes que je dois verser.
Je ne sais même pas si je pourrai récupérer tout cet argent perdu un jour. Il me semble que dans certains pays, il est possible de récupérer ses cotisations lorsqu'on a l'intention de quitter définitivement le territoire.