- La banque de dépôts. (qui dispose d’un très gros flux de liquidité grâce à ses guichets)
- La société de crédit. (qui emprunte l’argent qu’elle vous propose)
L’octroi d’un crédit se fait à travers plusieurs composantes :
- Le capital : il a un coût pour un préteur: soit il s’agit du coût structurel lié à l’existence d’un réseau d’agence bancaires, soit dans le cas de la « société de crédit », il s’agit du « coût de l’argent au niveau interbancaire».
- Le coût de l’argent : c’est le paiement du service auprès du préteur d’argent. (Ce taux, vous n’en avez jamais connaissance, parce que 2 autres parties vient s’y ajouter : le risque et la marge).
- Le risque : Le risque d’impayé est déterminé par des équations liées à votre catégories socioprofessionnelle, votre situation familiale, votre lieux d’habitations, le type du projet que vous voulez financer…etc. La part du « risque » est un pourcentage qui vient s’ajouter au coût de l’argent. Donc, quand vous prenez un emprunt, le « taux d’intérêt » comprend la rétribution de la prise de risque. C’est pour ça que votre voisin qui est cadre sup obtient de meilleures conditions que vous. C’est pas parce que les banques l’aime bien, c’est parce qu’il présente moins de risque. On peut également noter que le rachat anticipé de votre prêt constitue un risque important pour le préteur. En faisant ça vous faites tomber sa marge et vous modifiez son encours.
- La marge : Et bien oui. Une fois que les frais de fonctionnements sont intégrés et que la couverture du risque est considérée, il reste encore à prévoir la rétribution des actionnaires et les capacités de la banque à se développer dans le futur. Tout cela est compris dans la marge. C’est donc la somme du coût de l’argent, du risque et de la marge qui viennent constituer votre « taux d’intérêt ».
- Le Fond Mutuel de Garantie : c’est votre abondement momentané à la caisse commune qui servira à rembourser les traites de la « société de crédits » en cas de défaillance financière de l’emprunteur. Oui, rappelez-vous, les société de crédit empruntent elle-même l’argent à d’autres banques. A ce titre, un jour ou l’autre, elle doivent bien rembourser l’argent qu’elle ont emprunté. Toute ou partie de votre abondement au FMG vous est généralement remboursé en fin de crédit. Toutefois, il existe des exceptions à cela : une défaillance de votre part (1 mois suffit pour vous mettre hors course) ou l’assèchement éventuel de cette cagnotte par le nombre trop grand de défaillances. Si un organisme de crédit prend trop de risques, on abouti à un affaiblissement du FMG avec des conséquences qui peuvent aller jusqu’au dépôt de bilan de la banque.
- Les assurances : Enfin, les assurance vous couvrent contre le décès, l’invalidité, et divers autres risques. Elles n’incluent pas le simple risque financier. C’est « le risque » qui vous couvre en cas de défaillance financière et c’est « l’assurance » qui vous couvre en cas d’accident.
Comme je viens d’évoquer le dépôt de bilan, je vais tenter d’aller plus loin dans cette explication.
Le système bancaire français est réglementé par la Banque de France via son bras armé : « la commission bancaire ». La commission bancaire s’attache au respect des lois et règlements, au respect des droits de l’emprunteur et à l’audit interne des établissements bancaires. Dans le cadre de cette mission d’audit, elle veille au respect d’un certain nombre de ratios internes à la banque. Et en particulier, elle veille au maintien d’un rapport adéquate entre la masse salariale, l’encours de la banque et ses fonds propres. (L’encours, c’est ce que les particuliers ont encore à payer à la banque. Cela détermine la richesse future de la banque).
Pourquoi une prise de risque trop grande pour la banque est-elle dangereuse ?
Vous l’avez compris, le Fond Mutuel de Garantie sert à se prémunir contre la défaillance d’un emprunteur. Plus la banque prend de risque et plus le FMG est amoindri, jusqu’à ce que, finalement, il ne reste plus d’argent dans cette caisse. La banque reste la seule responsable de la dette qu’elle a contractée pour vous permettre d’obtenir un crédit. A ce titre, elle va rembourser cette dette grâce à ses fonds propres. C’est là que la spirale infernale commence puisqu’un équilibre doit être maintenu entre la masse salariale, l’encours de la banque et ses fonds propres. Donc, la commission bancaire contraint la banque à prendre des décisions pour revenir dans le droit chemin. (Il est évident que la commission bancaire n’accepte pas la prise de risques supplémentaire pour parvenir à cela : on n’est pas dans un casino.) Les options qui s’offrent à la banque sont souvent simples : licenciement d’une partie du personnel et vente d’une partie des dossiers en cours de remboursement à un autre organisme financier, à des prix défiant toute concurrence, vous vous en doutez, compte tenu du mauvais état du portefeuille de clients. Notez au passage que la mise en recouvrement par le contentieux d’une créance la fait immédiatement passer en « créance douteuse ». Du point de vue de la commission bancaire, ça ne vaut pas grand chose.
La banque se trouve alors dans une situation assez catastrophique. Ses coût de fonctionnement augmentent et son volume d’affaire est amoindri, compte tenu de l’affaiblissement de son réseau commercial.
Vous le savez, les administrateurs systèmes et réseau grâce à leur positions stratégiques savent beaucoup de choses sur leurs boites. J’ai un bon copain ayant été en mission pour un des plus gros organismes de crédit Français (comprenez : un de ceux qui font les petites cartes plastiques qui vont bien) avait en 2005 plus de 20% de ses clients en recouvrement de créance. Comme en général, le FMG est de l’ordre de 5%, on peut comprendre la chose suivante :
- sur un encours d’un milliard d’euro : 50 millions vont abonder le FMG.
- En 2005, si 20% des clients ont ratés une traite mensuelle, on peut considérer que le FMG a été amputé de 16,66 millions d’euro
- En 2005, si 15% des clients ont ratés une traite mensuelle, et 5% ont raté 3 traites, on peut considérer que le FMG a été amputé de 25 millions d’euro
- En 2005, si 10% des clients ont ratés une traite mensuelle, et 10% ont raté 4 traites, on peut considérer que le FMG a été amputé de 41,66 millions d’euro
Maintenant que le décor est planté, intéressons-nous à ce que les américains appellent « credit contraction », ce qui s’avère être assez dur à traduire mais qui porte l’idée d’une plus grande rigueur des banques vis à vis du risque d’impayé (pour les raisons qu’on vient de décrire ci-dessus) associé à l’idée d’une montée des taux d’intérêts (qui font que votre capacité d’emprunt diminue sensiblement). On pourrait traduire par « incapacité à lever du crédit », « restriction de crédit », « resserrement DU crédit » …
Aujourd’hui, les banques commencent à faire leurs comptes. Les tableaux de bords commencent à clignoter en France (alors qu’ils sont déjà rouge vif à Londres et à New-York). On entend régulièrement parler de compromis de vente dénoncés à cause de l’impossibilité de lever un crédit.
Or, l’impossibilité de lever un crédit participe à la chute du prix de l’immobilier. Si on met en perspective
- l’afflux important de Robiens
- les mauvais investissements réalisés ici ou là par des personnes mal informées
- l’insolvabilité des ménages qui se traduit en ce moment par la chute des ventes automobiles par exemple
- la trop grande quantité de liquidité en circulation dans le pays
Pour conclure, si on va plus loin dans le raisonnement macro-économique, on doit d’abord commencer par différencier « richesse, liquidité, patrimoine » et « l’argent obtenu par le crédit ». Vu par le commun des mortels, on a l’impression que c’est identique, or c’est faux : c’est vraiment différent.
Ensuite, il faut appréhender la nature déflationniste du « resserrement du crédit » et son caractère d’emballement. Si plus personne n’a de levier pour acheter un bien à 1M¤, il n’y a plus de bien à 1M¤. C’est aussi simple que ça.
Enfin, l’ensemble de l’effet « resserrement du crédit » et « chute des prix de l’immobilier » sera comme une coulée de boue : vous pouvez être pris dans les flots, ou vous pouvez être spectateur … et ceci à quelques mètres de distance seulement.