Théorie du cycle de Hayek

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slash33
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Théorie du cycle de Hayek

#1 Message par slash33 » 08 sept. 2007, 23:00

Source : http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoge ... article=65

Bon je cite en grande partie la théorie car elle est tout bonnement troublante de concordance avec la situation actuelle.

Il s'agit d'une théorie des cycles financiers.

Le cycle est le résultat du développement excessif des industries de biens d’équipement par rapport à celles fabriquant des biens de consommation. La présentation donnée par Maurice Baslé et celle de Jean Arrous [2] sont particulièrement claires et se complètent parfaitement, C’est pourquoi elles constitueront le schéma directeur des développements suivants.

* Dans le prolongement de la vision du capital élaboré par l’école autrichienne (Bôhm-Bawerk 1851-1914), le capital est envisagé comme un détour de production. Les stades intermédiaires d’élaboration d’un produit sont autant de séquences pendant lesquelles les facteurs primaires de la production, (terre et travail) sont associés à des biens intermédiaires pour obtenir des biens de consommation.
* La manière de produire est susceptible d’être modifiée (flexibilité des techniques) en fonction des anticipations de profit des producteurs (ainsi le détour de production est plus ou moins long).
* Elle est en pratique modifiée chaque fois que les prix relatifs se modifient ce qui entraîne des différences de taux de profit (donc réoriente les investissements) et chaque fois que la demande se modifie. Cette nécessaire flexibilité est en réalité limitée d’une part en raison de l’inertie de l’appareil productif (certaines décisions sont irréversibles et certains actifs sont spécifiques), et d’autre part parce que les ajustements financiers ne sont pas satisfaisants. C’est ce dernier aspect qui est essentiel.

L’expansion doit être analysée en deux étapes pour Hayek : l’aspect monétaire et l’aspect réel.

* Pour l’aspect monétaire, Hayek retient la conception de Knut Wicksell du taux d’intérêt qui permet de comprendre comment la variation de la masse monétaire influence le niveau des prix. [3]

Le taux d’intérêt du marché est déterminé par la politique des banques. Le taux naturel est celui qui équilibre l’offre et la demande de fonds prétables.
Lorsque le taux du marché s’abaisse au dessous du taux naturel, la demande de crédit augmente et excède l’épargne disponible. Les avances bancaires permettent l’ajustement mais elles s’accompagnent de la hausse du niveau des prix.

Hayek s’efforce alors de montrer que les crédits offerts par les banques sans épargne préalablement constituée, sont la cause du cycle.

Une perturbation (qui peut ne pas être monétaire) intervient dans une économie en situation stationnaire et accroît la profitabilité d’un groupe d’entreprises. en créant les crédits nécessaires pour répondre à la demande de financement émanant des entreprises considérées, les banques ne modifient pas leur taux d’intérêt comme le sera forcément le taux naturel (qui s,élève puisque la demande de financement excède l’épargne disponible). L’expansion du crédit (sans relèvement du taux d’intérêt du marché) entraîne la hausse des prix (la demande est supérieure à l’offre), donc des profits dans les industries concernées par la production de biens intermédiaires. L’élévation du taux naturel est renforcée par le fait que les flux d’épargne supplémentaires n’accompagnent pas immédiatement l’expansion du crédit. Comme la hausse des profits stimulent les investissements dans les secteurs produisant des biens intermédiaires l’expansion du crédit est à nouveau sollicitée. Le mouvement d’expansion ne s’arrêtera que lorsque les banques relèveront le taux d’intérêt du marché.

* Pour l’aspect réel de l’expansion il faut distinguer clairement deux cas : la baisse du taux d’intérêt (permettant la croissance de l’investissement) provient soit d’une épargne volontaire soit d’une croissance du crédit bancaire.

o Dans le cas de l’épargne volontaire, l’augmentation du volume des fonds prétables provoque une baisse du taux d’intérêt qui encourage l’allongement du processus de production. Les nouveaux investissements correspondent à un réaménagement de la structure productive. La consommation se réduit initialement puisque l’épargne augmente, mais l’offre de biens de consommation se réduit aussi puisque les facteurs de production sont davantage utilisés dans les secteurs des biens intermédiaires.
o Dans le cas d’un financement par le crédit bancaire, l’allongement du processus de production qui en résulte s’accompagne de la hausse des prix puisque la demande de facteurs de production augmente. Les secteurs qui produisent des biens de consommation deviennent moins attrayant pour les offreurs de facteurs de production, et leur production va devenir plus difficile.

* La Crise intervient forcément.

La dynamique de l’investissement se heurte fatalement à la prise de conscience des banques qu’il faut limiter l’expansion du crédit. Cet arrêt du financement de l’expansion provoque un retournement brutal de la situation des entreprises Produisant des biens d’équipement et particulièrement de celles qui sont le plus en amont parce qu’elles supportent la contraction des autres. Pendant la période d’expansion les revenus correspondant à la croissance du surplus des entreprises produisant des biens intermédiaires ont été distribués, ils alimentent maintenant la demande de produits de consommation. Les prix de ces produits montent à leur tour et les profits s’élèvent dans ces secteurs. Les coûts augmentent (il faut attirer les facteurs de production vers les secteurs devenus plus rentables) ce qui aggrave la situation des entreprises touchées par la contraction du crédit. La dépression est ouverte.

L’excès de capacité de production réalisé sous l’effet de la croissance du crédit bancaire sera détruit pendant la dépression. Cet excès est relatif aux désirs des agents : la production de biens intermédiaires ne correspondait pas à une volonté d’augmenter l’épargne en consommant moins.

La conclusion de l’analyse de Hayek est claire : il faut éviter que les banques accordent des crédits non financés par des dépôts préalables d’épargne. C’est l’insuffisance d’épargne relativement aux désirs des producteurs tentés d’accroître leurs investissements qui est à l’origine de la nature cyclique de l’activité

Bulle

#2 Message par Bulle » 09 sept. 2007, 00:34

La dynamique de l’investissement se heurte fatalement à la prise de conscience des banques qu’il faut limiter l’expansion du crédit.
J'ai plutot l'impression que les banques repoussent l'échéance de cette prise de conscience. Est-il correct de penser que la baisse des taux d'un demi point de la FED et la volonté de laisser inchanger le taux de la BCE résultent d'un lobbying des banquiers ?

Je trouve ce modèle claire et limpide, mais reste trop général pour être appliquer les yeux fermés à l'immobilier à cause de son caractère local: C'est le client qui se déplace pour jouir du produit et non le produit qui va vers le client.

En tout cas, un gros reco pour ce post.

Jean Dupont

#3 Message par Jean Dupont » 09 sept. 2007, 06:44

Moi, je dirais : Direction le BEST OF !

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#4 Message par Ultraw » 09 sept. 2007, 07:12

Pas mieux, j'ai de l'apport pour une somme que j'estime conséquente, je n'en aurai pas ce serait pareil. L'argent économisé n'a plus de valeur.
"Il est urgent d'acheter maintenant avant que les prix baissent sinon ce sera trop tard !"

Les AI ? : AIe AIe AIe !

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#5 Message par slash33 » 09 sept. 2007, 09:22

Bulle a écrit :J'ai plutot l'impression que les banques repoussent l'échéance de cette prise de conscience.
La prise de conscience a bien eu lieu. Elle s'est d'ailleurs crystallisée autour des resserrements de taux (Fed notamment) puis de sa réaction (la crise des subprime) mais ce n'est véritablement que la surface. Je lisais sur une autre source que les banques vont augmenter leur taux pour s'assurer des marges. La prise de conscience est arrivée et les resserrements qu'elle suppose sont en route. Le gouvernement n'y pourra rien non plus.
Bulle a écrit :Je trouve ce modèle claire et limpide, mais reste trop général pour être appliquer les yeux fermés à l'immobilier à cause de son caractère local: C'est le client qui se déplace pour jouir du produit et non le produit qui va vers le client.
En effet, il est limpide. Pour ma part, je fais des analogies qui vont bien au delà de l'immobilier. C'est l'ensemble de l'économie globalisée que je positionne par rapport à ce modèle, même les délocalisations.
Bulle a écrit :En tout cas, un gros reco pour ce post.
Cette source m'a été soufflée par quelqu'un d'autre. Libre à cette personne de rester dans l'anonymat ou de revendiquer cette "découverte".
Modifié en dernier par slash33 le 09 sept. 2007, 09:36, modifié 1 fois.

surflewaves

#6 Message par surflewaves » 09 sept. 2007, 09:30

Ultraw a écrit :Pas mieux, j'ai de l'apport pour une somme que j'estime conséquente, je n'en aurai pas ce serait pareil. L'argent économisé n'a plus de valeur.
+1 :roll:

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#7 Message par slash33 » 09 sept. 2007, 09:37

manucosto a écrit :Est ce que cette description ( ou théorie économique) est vraiment originale.
J'ai l'impression que c'est la base de l'éco monétaire (ancien) bac B économie.
La simple description de l'inflation, déflation, croissance, récession?
En effet. Ca lui donne plus de poids?

Jean Dupont

#8 Message par Jean Dupont » 09 sept. 2007, 17:11

gandalf-tof a écrit :Commencerait pas par J et finirait pas par D ?
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#9 Message par ReG_ » 09 sept. 2007, 20:09

immofurax a écrit :Cela rejoint exactement ce que j'ai rappelé souvent : autrefois, en des temps où il n'y avait pas de bulle immo (mais que j'ai néanmoins connus) les banques ne prêtaient pas sans une épargne préalable permettant de financer au moins 20% de l'achat hors FN et AI...

Et, en des temps que je n'ai pas connus, avant 14-18, on n'achetait pas à crédit.
enfin maintenant, si tu attends que les gens aient 20% d'apport...Je comprends mieux pourquoi le btp allait mal dans les 90's.
Ex-moderateur. La pluralité des opinions est le fondement de la démocratie.

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#10 Message par BulleDog » 09 sept. 2007, 20:53

Dommage je pensais qu'il s'agissait du cycle menstruel de salma hayek.

Mais bon il faut les bourses de françois pinaut pour le suivre.
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Re: Théorie du cycle de Hayek

#11 Message par BulleDog » 09 sept. 2007, 21:12

slash33 a écrit : * La Crise intervient forcément.

La dynamique de l’investissement se heurte fatalement à la prise de conscience des banques qu’il faut limiter l’expansion du crédit. Cet arrêt du financement de l’expansion provoque un retournement brutal de la situation des entreprises Produisant des biens d’équipement et particulièrement de celles qui sont le plus en amont parce qu’elles supportent la contraction des autres. Pendant la période d’expansion les revenus correspondant à la croissance du surplus des entreprises produisant des biens intermédiaires ont été distribués, ils alimentent maintenant la demande de produits de consommation. Les prix de ces produits montent à leur tour et les profits s’élèvent dans ces secteurs. Les coûts augmentent (il faut attirer les facteurs de production vers les secteurs devenus plus rentables) ce qui aggrave la situation des entreprises touchées par la contraction du crédit. La dépression est ouverte.

L’excès de capacité de production réalisé sous l’effet de la croissance du crédit bancaire sera détruit pendant la dépression. Cet excès est relatif aux désirs des agents : la production de biens intermédiaires ne correspondait pas à une volonté d’augmenter l’épargne en consommant moins.
cette conclusion est vraie si :

- l'argent généré par l'expansion monétaire a été utilisé pour solliciter la demande et favoriser la création industrielle
- les taux remontent assez vite pour asphyxier l'économie

Ce qui semble être le cas des US.

Par contre, cela ne semble pas être le cas de l'Europe qui n'a absolument pas profité de la baisse des taux pour créer de l'activité (hors BTP et services de promotion/vente) et relancer la croissance.

Sans ces deux conditions, la conclusion n'est pas vraie.
Modifié en dernier par BulleDog le 09 sept. 2007, 21:14, modifié 1 fois.
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Re: Théorie du cycle de Hayek

#12 Message par slash33 » 09 sept. 2007, 21:14

BulleDog a écrit :Ce qui semble être le cas des US.
Ben y a quand même un certain degré de corrélation entre les US et l'Europe

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Re: Théorie du cycle de Hayek

#13 Message par BulleDog » 09 sept. 2007, 21:15

slash33 a écrit :
BulleDog a écrit :Ce qui semble être le cas des US.
Ben y a quand même un certain degré de corrélation entre les US et l'Europe
Oui mais par exemple en 2001 ce n'était pas le cas.
La récession existait aux US mais pas en Europe car les ménages américains qui avaient fortement joué en bourse puisque c'était la poule aux oeufs d'or avaient fortement réduit leur consommation à cause des pertes boursières (effet boomerang sur l'impression de richesse disparue).
Et les entreprises US licienciaient pour "équilibrer le bilan'ce qui était censé faire remonter les actions (des managers). Que nenni.

Les taux ont baissé en Europe en 2003 pour faire "comme aux US" alors que ce n'était pas nécessaire, Wim Duisenberg l'avait démontré.
Mais voilà, la presse incendiaire et manipulée voyait les choses autrement.
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#14 Message par neron » 10 sept. 2007, 01:54

Pour ma part j'aime bien le chapitre de l'école de la régulation http://www.lyc-arsonval-brive.ac-limoge ... article=67 car ils identifient des variables et des paramètres en jeu.

Mais je crois plus à l'influence des progrès industriel (m'étant refusé d'y apporter mon concours), de la guerre économique entre nations et du pouvoir.

Amah les facteurs (particuliers, entreprises, ...) ne sont que des pions d'un jeu dont ils n'ont jamais définis les rêgles. Ils sont juste acteurs à cause de leur rationalité relative limitée par leur non connaissance de ce qui se joue plus que par le manque de données ou de connaisances économiques ou de modèle (D'ou un jeu à plusieurs niveaux).

Donc analyser le rôles et actions des cteurs permet juste de constater les cycles mais pas de comprendre le jeux.

Les modèles économiques sont deficiant car ils n'intégrent pas ceuxi qui orientent l'action: le pouvoir. Mêmes avec un modèle virtuel de 1mds de consommateurs interagissants.

Oui Pouvoir; partagé ou pas, concentré ou diffus, évolutif ou non, implicite ou explicite, endogène ou exogène, .... Oui le pouvoir peut recouvir un ensemble de choses, de structures ou de forme. Du pourvoir royal au peuple par exemple en passant par nos technocraties ....

Bulldog, depuis 30 ans on devrait être en récession car en 75 ca sentait le roussit et alors ? Depuis 1997 en France la plupart de prix et des actrifs ont suivit M3 (7 à 10 % par an) et alors pourquoi il y aurait crash ? Oui amh la société de conso et industrielle est morte depuis belle lurrette. Notre économie ne peut plus s'analyser comme en 1960. C'est un vrai mille feuille 3D avec des strates "éthérogènes" au rêgles spécifiques dans lesquels on y peut cantonner des objets économiques, des déséquilibre, un certain temps dans certains lieux en profitant du retard entre cause et effet. Bref que ca pête on trouvera toujours des raisons simples pour tout expliquer comme depuis ces 30 dernières.

Désolé pour ces corrections mais j'espères que ca a plus de sens et moins de fautes.
Modifié en dernier par neron le 11 sept. 2007, 23:03, modifié 1 fois.

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#15 Message par BulleDog » 10 sept. 2007, 07:01

Les crises ont une durée de deux ou trois ans le temps que la demande se forme à nouveau du fait de la démographie.

Quand la récession dure plus longtemps c'est que l'économie est en mutation.

C'était le cas pour la France de 1991 à 1993 (crise) et 1993 à 1998 (mutation).
Désendettement des entreprise et recherche des rentabilités maximums.
Economie de réduction des couts et recentrage des activités.
Amorce des délocalisations pour toute l'industrie comme l'avait fait auparavant le textile.
Mise en place de l'économie casino centrée sur la rémunération des managers via la bourse.

Nous sommes encore en mutation partielle au moins pour les entreprises qui n'ont pas fini leur révolution.
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phev

#16 Message par phev » 10 sept. 2007, 09:35

Salut Jean très content de te revoir.

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#17 Message par neron » 11 sept. 2007, 23:41

Oui, moi aussi je suis content. Apprendre permet de comprendre et de casser ces dogmes.

Mais je ne vois pas comment ce modèle explique l'augmentation des produits agricoles malgrès une stabilité des salaires .

Je crois plus que ces "mutations" économiques, financières ou technologiques des 30 dernières années ne sont que des leurres pour retarder le trend "Baisse du travail humain nécessaire à l'économie de marché" dans l'espoir d'y trouver une solution. J'en viens à croire que seule une crise profonde puisse permettre de redéfinir un nouveau contrat de société.

Jean Dupont

#18 Message par Jean Dupont » 19 sept. 2007, 21:10

Salut à tous,
je vous livre la meilleure lecture que j'ai eu depuis longtemps sur le sujet de l'école autrichienne. J'ai découvert cet écrit en novembre 2006. Ca faisait partie d'une base documentaire à partir de laquelle j'aurais du rédiger une synthèse pour le forum. Cet production d'article n'a jamais eu lieu, faute de temps et surtout de motivation.

A vous de le découvir. Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite...

LA THÉORIE DITE AUTRICHIENNE DU CYCLE ÉCONOMIQUE
par Ludwig von Mises
http://herve.dequengo.free.fr/Mises/Articles/TACE.htm
... il devient très difficile d'obtenir des crédits en raison de la restriction générale du crédit. Le taux d'intérêt monte par conséquent très vite sous l'effet d'une panique subite. Par la suite, il baissera de nouveau. ...

Merci à Hervé Dequengo pour son site ( http://herve.dequengo.free.fr/ )

Jean Dupont

Re: Théorie du cycle de Hayek

#19 Message par Jean Dupont » 22 janv. 2008, 16:05

LA THÉORIE DITE AUTRICHIENNE DU CYCLE ÉCONOMIQUE
Voir le message précedent ....

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Re: Théorie du cycle de Hayek

#20 Message par lescargot » 21 sept. 2008, 18:33

Hayek reprend apparament des thèmes développés antérieurement par Kondratieff et se focalise sur l'évolution de M3 pendant les cycles économiques en considérant que cette évolution en serait la cause et pas la conséquence.
Kondratieff avant déja mis en évidence une forme de cycle de vie de produits industriels, avec (en schématisant....) :
- une phase montante, caractérisé par un manque d'investissement dans les moyens de production adaptés
- une phase de maturation, avec un niveau d'investiment dans les moyens de production correspondant à l'optimum théorique
- une phase de déclin, pendant laquelle la "recette" est trop connue, ce qui amène trop de personnes à vouloir investir dans les industries correspondantes, et donc un surinvestissement en moyen de production qui provoque une érosion des marges des entreprises fabriquant les produits finaux, et, dans un deuxième temps, un ralentissement brutal de la demande en biens d'équippement destinés à ces entreprises.

La proposition de Hayek est apparement d'encadrer strictement la croissance de M3 pendant la phase montante en augmentant les ratios prudentiels des banques jusqu'à 100%, ce qui, à son avis aurait pour effet de supprimer totalement les cycles et de permettre une croissance "sans heurts" équivalente ou meilleure que la croissance moyenne obtenue sur la durée en les laissant se dérouler.

Avec cette thèse, il passe complètement à la trappe les commentaires de Kondratieff selon lesquels:
- la raison d'être des cycles étaient en première analyse de résoudre les pbs. d'adaptation de l'offre à la demande et les difficultés rencontrées par les systèmes de production pour suivre correctement et sans heurs l'évolution des besoins des consommateurs
- et selon lesquels les périodes de récession étaient en première analyse la solution naturelle trouvée par l'économie réelle pour contraindre le système de production à redevenir pertinent.

On peut tenter une synthèse en donnant raison principalement à Kondratieff sur ce point mais en retenant une partie des réflexions de Hayek sur l'évolution de M3 pendant un cycle et sur l'intérret de ralentir l'expansion de M3 pendant la montée et de ralentir sa contraction dans la descente, non pas pour supprimer les cycles mais pour limiter leurs effets à ce qui est nécessaire pour permettre une évolution appropriée de l'offre.

Politiquement, si on suit Hayek, l'état et la structure administrative devraient agir davantage dans l'économie et y être plus présents. Si on suit Kondratieff, il convient apparement de laisser faire une certaine "création destructive" par les acteurs économiques eux-mêmes, et donc l'état devrait plutot se retirer un peu de la sphère économique et financière. Le message de Kondratieff a toujours eu un peu de mal à passer en France. Heureusement, on ne fusille plus pour çà aujourd'hui......

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Re: Théorie du cycle de Hayek

#21 Message par cocoricco » 19 févr. 2009, 19:41

lescargot a écrit : Politiquement, si on suit Hayek, l'état et la structure administrative devraient agir davantage dans l'économie et y être plus présents. Si on suit Kondratieff, il convient apparement de laisser faire une certaine "création destructive" par les acteurs économiques eux-mêmes, et donc l'état devrait plutot se retirer un peu de la sphère économique et financière. Le message de Kondratieff a toujours eu un peu de mal à passer en France. Heureusement, on ne fusille plus pour çà aujourd'hui......
Ouh là, Hayek préconisant une intervention accrue de l'Etat dans la sphère financière ?! En réalité c'est plutôt sur le mécanisme de concurrence des monnaies, à mettre en opposition avec les monopoles d'émission par les banques centrales, qu'il compte pour endiguer l'inflation de la masse monétaire. Car couper le robinet n'est clairement pas dans l'intérêt de l'Etat, principal emprunteur.

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Re: Théorie du cycle de Hayek

#22 Message par lescargot » 19 févr. 2009, 20:20

cocoricco a écrit : Ouh là, Hayek préconisant une intervention accrue de l'Etat dans la sphère financière ?! En réalité c'est plutôt sur le mécanisme de concurrence des monnaies, à mettre en opposition avec les monopoles d'émission par les banques centrales, qu'il compte pour endiguer l'inflation de la masse monétaire. Car couper le robinet n'est clairement pas dans l'intérêt de l'Etat, principal emprunteur.
Hayek préconise d'encadrer assez strictement la croissance de M3 pour limiter l'ampleur des phases d'"industrialisation" des techniques devenues complètement matures (fin de l'"été"...), dans l'idée qu'en limitant ce type de phénomène, on limiterait aussi, ou on supprimerait complètement, les phases d'automne et d'hivers qui suivent souvent/généralement ces fins d'été.

Ensuite :
- comment doit/peut être fait cet encadrement de M3 : clairement il croit plus aux mécanismes de régulation imposés par la puissance publique ("état"...) qu'aux "mécanisme de concurrence des monnaies"
- est-ce que l'état a intérret à limiter la croissance de M3 en accord avec les thèses de Hayek : D'après cet auteur, on peut le croire puisque ce remède est réputé supprimer les phénomènes de cycles et permettre une croissance sans heurts et importante sur la durée, donc réputée intéressante pour tout le monde, y compris pour les finances publiques.
- est-ce que çà marche : aujourd'hui on peut croire que çà n'a jamais été essayé en full-size et que, donc, la question reste posée. Par contre on peut argumenter aussi que, si çà n'a pas été essayé en full-size, c'est probablement parce qu'il n'y a jamais eu, au moins à la date courante, de consensus suffisant pour tenter la démarche à l'échelle requise pour conclure véritablement. Perso, je pense que Hayek ne fait pas assez de place aux théories selon lequelles une optimisation bien comprise de l'économie demanderai un minimum de cyclicité, dans l'idée que la suppression complète des phénomènes de cycles ne permettrait pas, en fait, une croissance longue aussi importante qu'en laissant faire un minimum de "créative destruction" contrôlée, et donc un minimum de cycles.....

cocoricco

Re: Théorie du cycle de Hayek

#23 Message par cocoricco » 19 févr. 2009, 23:09

Non Hayek ne croit pas aux interventions étatiques. Clairement pas et à aucun niveau.

Hayek fait partie de l'école autrichienne, ne l'oublions pas. Donc il part du principe que l'Etat baissera artificiellement les taux pour emprunter plus facilement. Il est aussi fondamentalement pour la destruction créatrice (principe même de la catallaxie). C'est pourquoi j'ai du mal à comprendre votre lecture de Hayek. M'est avis que vous calquez sur son analyse des concepts qui sont totalement étrangers.

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Re: Théorie du cycle de Hayek

#24 Message par lescargot » 20 févr. 2009, 01:41

cocoricco a écrit :Non Hayek ne croit pas aux interventions étatiques. Clairement pas et à aucun niveau.

Hayek fait partie de l'école autrichienne, ne l'oublions pas. Donc il part du principe que l'Etat baissera artificiellement les taux pour emprunter plus facilement. Il est aussi fondamentalement pour la destruction créatrice (principe même de la catallaxie). C'est pourquoi j'ai du mal à comprendre votre lecture de Hayek. M'est avis que vous calquez sur son analyse des concepts qui sont totalement étrangers.
1)- Hayek croit à la possibilité et à l'intérret de lisser complètement, et en fait de supprimer, les phénomènes de cycles économique. Or, les théories inspirées du "déterrage" de Kondratieff dans les années 90 insistent sur l'intérret (réputé...) des cycles pour aider la "destruction créatrice", au point de supposer que la suppression éventuelle de tout phénomène de cycle serait contradictoire avec les besoins de destruction créative bien compris. Donc, comme précisé par moi, les thèses de Hayek, qui a écrit avant ces auteurs, ne sont pas cohérentes avec le consensus actuel sur la destruction creative qui suppose ou impose de préserver un minimum de cyclicité dans l'économie.
2)- Si lorsque j'écrit que Hayek croyait "aux mécanismes de régulation imposés par la puissance publique", vous en concluez que je considère que Hayek croyait "....aux interventions étatiques", çà veut dire que vous confondez, généralement parlant : le judiciaire et l'exécutif, et en l'espèce : le respect de mécanisme de régulation relativement stricts, avec d'éventuelles interventions étatique. Il s'agit bien évidemment d'un grave contresens par rapport à mon texte.
3)- Si on veut étudier un texte de théorie-éco, l'usage, et probablement la règle, demande qu'on analyse les thèses d'un auteur par rapport à celles d'autres économistes généralement considérés comme pertinents dans le domaine étudié, même si, et probablement surtout si, l'auteur en question les ignore complètement, comme par exemple Kondratieff pour Hayek.

cocoricco

Re: Théorie du cycle de Hayek

#25 Message par cocoricco » 20 févr. 2009, 18:52

lescargot a écrit : 1)- Hayek croit à la possibilité et à l'intérret de lisser complètement, et en fait de supprimer, les phénomènes de cycles économique.
Plutôt à limiter les bulles et donc l'intensité des crises, en faisant en sorte que toute incitation à perdurer dans un état de sur évaluation soi supprimée. Donc l'apparition de bulles ne pourrait être le fait que d'une mauvaise information, cause bien moins solide.
2)- Si lorsque j'écrit que Hayek croyait "aux mécanismes de régulation imposés par la puissance publique", vous en concluez que je considère que Hayek croyait "....aux interventions étatiques", çà veut dire que vous confondez, généralement parlant : le judiciaire et l'exécutif, et en l'espèce : le respect de mécanisme de régulation relativement stricts, avec d'éventuelles interventions étatique. Il s'agit bien évidemment d'un grave contresens par rapport à mon texte.
Vous ne pouvez pas dire cela si vous avez lu Hayek par ailleurs. En particulier Droit, Législation et Liberté.
3)- Si on veut étudier un texte de théorie-éco, l'usage, et probablement la règle, demande qu'on analyse les thèses d'un auteur par rapport à celles d'autres économistes généralement considérés comme pertinents dans le domaine étudié, même si, et probablement surtout si, l'auteur en question les ignore complètement, comme par exemple Kondratieff pour Hayek.
Le problème réside souvent à trouver des analogies, et le péril à en commettre de fausses.

lescargot
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Re: Théorie du cycle de Hayek

#26 Message par lescargot » 21 févr. 2009, 12:22

cocoricco a écrit :
lescargot a écrit : 1)- Hayek croit à la possibilité et à l'intérret de lisser complètement, et en fait de supprimer, les phénomènes de cycles économique.
Plutôt à limiter les bulles et donc l'intensité des crises, en faisant en sorte que toute incitation à perdurer dans un état de sur évaluation soi supprimée. Donc l'apparition de bulles ne pourrait être le fait que d'une mauvaise information, cause bien moins solide.
Non, le point important en théorie éco entre l'école de vienne et la grande majorité des autres économistes réputés pertinents sur les pb. de cycle et que ceux-là "croient" à la nocivité fondamentale des cycles et à l'intérret et la possibilité d'éviter complètement ce genre de phénomènes, alors que ceux-ci les considèrent comme des manifestations normales de l'activité humaine, et cherchent seulement à éviter ou limiter leurs aspects pathologiques et nullement à faire disparaitre complètement le phénomène.
cocoricco a écrit :
2)- Si lorsque j'écrit que Hayek croyait "aux mécanismes de régulation imposés par la puissance publique", vous en concluez que je considère que Hayek croyait "....aux interventions étatiques", çà veut dire que vous confondez, généralement parlant : le judiciaire et l'exécutif, et en l'espèce : le respect de mécanisme de régulation relativement stricts, avec d'éventuelles interventions étatique. Il s'agit bien évidemment d'un grave contresens par rapport à mon texte.
Vous ne pouvez pas dire cela si vous avez lu Hayek par ailleurs. En particulier Droit, Législation et Liberté.
Hayek est un "libéral" au sens des années 70, cad qu'il est hostile à la présence de l'état par exemple comme acteur industriel direct, mais qu'il croit beaucoup plus fortement que ses successeurs à l'intérret de mécanismes de régulation monétaire très fermes et contraignants imposés par l'état aux établissements financiers. Par ailleurs il propose une vision relativement complexe des échanges commerciaux intégrant notamment un jeu de collaboration entre acteurs que d'autres considéraient seulement comme antagonistes. Au niveau philo ou assimilé, il prone la supériorité réputée de l'"ordre muri" par rapport à l'"ordre fabriqué", ce qui parait aussi un peu daté aujourd'hui et qui l'amène à proposer une forme de "démocratie libérale" fortement ou très fortement régulée, assez à la mode dans les seventies mais moins, ou beaucoup moins aujourd'hui.....
cocoricco a écrit :
3)- Si on veut étudier un texte de théorie-éco, l'usage, et probablement la règle, demande qu'on analyse les thèses d'un auteur par rapport à celles d'autres économistes généralement considérés comme pertinents dans le domaine étudié, même si, et probablement surtout si, l'auteur en question les ignore complètement, comme par exemple Kondratieff pour Hayek.
Le problème réside souvent à trouver des analogies, et le péril à en commettre de fausses.
il parait assez choquant aujourd'hui de prétendre refuser toutes confrontation entre les thèses de l'Ecole de Vienne et celles de Kondratieff. D'une part parce-que le consensus des années 90 avait donné massivement raison à Kondratieff contre Hayek et v.Mieses sur le caractère souhaitable ou non de l'existence même de cycles économiques, et, d'autre part, parce-qu' on en veut toujours un peu à l'école de Vienne d'avoir ignoré superbement Kondratieff, qui était complètement oublié dans les années 70, alors que des chercheurs spécialisés dans le domaine des cycles écos n'auraient pas du normalement ignorer à ce point ses thèses et ne pas le citer au moins brièvement malgrés leurs désacords.

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